Pour la quatrième année consécutive, Pax Christi a participé durant la période estivale aux rencontres organisées à Taizé dans le cadre de la semaine ukrainienne du 21 au 27 juillet 2025. Cette année, elles avaient pour thème, « la résistance ».
Apprendre du passé
Au rythme des rencontres, des conférences et des témoignages, nous nous sommes inévitablement replongés dans les années sombres de la Seconde guerre mondiale, là où le passé peut aider à comprendre et éclairer le présent.
Monseigneur Rivière, évêque d’Autun, Chalon-sur-Saône et Mâcon, invité pour l’occasion, a pu témoigner de la vie et du rôle de son grand-père, le résistant Edmond Michelet, à qui l’on doit le premier acte de résistance (à la veille de l’appel du Général de Gaulle du 18 juin 1940) qui avait consisté en la distribution locale d’un tract dénonçant le mensonge de la collaboration et appelant à un sursaut du peuple français.

Résister à l’inhumanité
Comme nous l’a rappelé la journaliste Anne Marie Pelletier dans une brillante présentation de l’œuvre Vie et Destin de l’auteur Vassili Grossman, les terreurs nazie et stalinienne avaient de nombreux points communs, parmi lesquels celui d’utiliser l’arbitraire totale pour répandre la confusion, la détresse et l’angoisse parmi les peuples. Il était vital pour ces régimes de faire en sorte que chaque citoyen se sente menacé d’arrestation, d’éventuelle torture et de condamnation pour abattre l’esprit de résistance et dominer l’homme par la soumission grâce aux humiliations les plus viles. « Comment résister à l’inhumanité ? » était une question qui trouvait réponse dans l’œuvre de Grossman et faisait écho à d’autres témoignages de dissidents en camps ou en exil. Une réponse surprenante mais tellement empreinte de vérité… « la petite bonté ». La bonté comme signe de l’humanité triomphant de l’horreur, car elle est signe que l’humanité perdure alors que le régime souhaite justement l’anéantir. Arriver à rester humain, malgré la barbarie…
En écoutant l’œuvre du poète ukrainien et dissident Vasyl Stuss, on ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec les psaumes de l’Ancien Testament. Douloureux et ténébreux, pourtant teintés d’une lumière inattendue mise au jour par le talent éprouvé par les camps.

L’art porte l’espérance
En ces temps que nous connaissons, où l’Ukraine continue une lutte acharnée pour sa liberté, et où l’Europe sent grandir une menace existentielle à ses frontières, la force est d’arriver à puiser chez ceux qui ont connu les couloirs du désespoir et qui pourtant n’ont pas pu en sortir un autre fruit que celui de l’espérance.
Comme le décrit le philosophe et fondateur de la Maison d’édition ukrainienne Duh i Litera (l’esprit et la lettre), Constantin Sigov, lors de son intervention, la musique du compositeur Valentin Sylvestrov porte en elle l’espérance du génie qui peut vaincre la persécution (photo ci-dessus). Les compositions « The virus of expression », « the zone of memory » et « alléluia » sont les parties d’une œuvre bien plus grande, qui a accompagné la révolution de la dignité sur les places du Maidan et qui connait aujourd’hui les affres de l’exil.
Si tous ces travaux littéraires et artistiques illustrent bien une chose, c’est que l’esprit et les mots restent des armes contre les totalitarismes et l’arbitraire : ils inscrivent dans l’éternité le cri du cœur des hommes qui recherchent la vérité.
Témoignage de Bérengère Savelieff, chargée d’éducation à la paix
Durant cette semaine ukrainienne, les participants ont pu profiter d’une exposition de dessins d’enfant ukrainiens envoyés pour l’occasion (illustration ci-contre).












