La Journée mondiale de la paix est célébrée le 1er janvier, elle est accompagnée chaque année d’un message du Pape

Message pour le 1er janvier 2024 :« Intelligence artificielle et paix »

Découvrez ici un commentaire du message pour la Journée mondiale de la paix 2024, ainsi que la vidéo illustrant le message, produite par le dicastère pour le service DU DEVELOPPEMENT HUMAIN INTEGRAL.

Vous pouvez aussi consulter le message dans son intégralité.

Le message du 1er janvier 2024 en images

Commentaire du message pour le 1er janvier 2024

par Bernard Jarry-Lacombe, Chargé de mission au Service national famille et société, Conférence des évêques de France

A l’occasion de la 57ème Journée Mondiale de la Paix célébrée le 1er janvier 2024, le Pape François adresse ses vœux dans un message intitulé « Intelligence artificielle et paix » publié par le Vatican en plusieurs langues, dans lequel il questionne les développements et les usages du numérique et de l’Intelligence artificielle.

Le progrès des sciences et techniques, fruit du travail et de l’ingéniosité des humains, conduit à l’amélioration de l’homme et à la transformation du monde, dans la mesure où il contribue à un meilleur ordonnancement de la société humaine et à l’accroissement de la liberté et de la communion fraternelle.

Le Pape François précise que « les développements technologiques qui ne conduisent pas à une amélioration de la qualité de vie de l’ensemble de l’humanité, mais qui au contraire exacerbent les inégalités et les conflits, ne pourront jamais être considérés comme un véritable progrès ».

Quelles seront les conséquences à moyen et à long terme des nouvelles technologies numériques et de l’intelligence artificielle ? Quel sera leur impact sur la vie des individus et de la société, sur la stabilité internationale et sur la paix ? Nous sommes tous concernés.

L’intelligence artificielle (IA) entre promesse et risques

L’IA prend une place de plus en plus importante. Les défis qu’elle pose sont techniques, anthropologiques, éducatifs, sociaux et politiques. Elle promet, par exemple, des économies de main-d’œuvre, une production plus efficace, des transports plus faciles et des marchés plus dynamiques…

Le terme ‘Intelligence artificielle’, désormais entré dans le langage courant, englobe une variété de sciences et de techniques visant à ce que les machines reproduisent ou imitent, dans leur fonctionnement, les capacités cognitives de l’être humain.

Le Pape François précise que « les remarquables progrès des nouvelles technologies de l’information, en particulier dans la sphère numérique, présentent des opportunités enthousiasmantes et des risques graves ». En même temps, elles « mettent entre les mains de l’homme un vaste éventail de possibilités, dont certaines peuvent constituer un risque pour la survie de l’humanité et un danger pour la maison commune ». L’IA peut être détournée pour organiser des « campagnes de désinformation », permettre une « ingérence dans les processus électoraux » et pour influencer les « prises de décision ».

L’apprentissage automatique ou l’apprentissage en profondeur (deep learning) soulèvent des questions qui dépassent la technologie et sont liées au sens de la vie humaine, aux processus fondamentaux de la connaissance et à la capacité de l’esprit à atteindre la vérité. La capacité de produire des textes cohérents, par exemple, n’est pas une garantie de fiabilité, car l’IA peut “halluciner”, c’est-à-dire générer des affirmations infondées.

Des questions éthiques

L’être humain, en croyant à une forme de toute puissance et à la possibilité de dépasser toutes les limites grâce à la technique, risque de perdre le contrôle de lui-même et de tomber dans une dictature technologique. Cela nous oblige à réfléchir au « sens de la limite ».

La recherche scientifique et les innovations technologiques ne sont pas neutres. L’expansion de la technologie doit donc s’accompagner d’une formation appropriée à la responsabilité et aux dimensions éthiques de son développement et de ses usages.

À l’avenir, la fiabilité d’un demandeur de prêt bancaire, l’aptitude d’un individu à un emploi, la possibilité de récidive d’une personne condamnée ou bien le droit à une aide sociale pourraient être déterminés par des systèmes d’intelligence artificielle. De même, la surveillance généralisée ou l’adoption de systèmes de crédit social, pourraient avoir de profondes répercussions sur le tissu social. Il en va de même de l’effet des nouvelles technologies dans le domaine du travail, de l’emploi, et du respect de la dignité des travailleurs.

En regardant le monde qui nous entoure, on ne peut pas non plus passer sous silence les questions éthiques liées au secteur de l’armement, par exemple avec les technologies émergentes des “systèmes d’armes létales autonomes”.

Les défis du numérique et de l’IA

Le Pape François mentionne deux défis importants, au niveau de l’éducation et au niveau du droit. Concernant l’éducation, qui est profondément transformée par ces évolutions, il nous invite à promouvoir la pensée critique et à renforcer la capacité de discernement.

Dans le domaine du droit international, il appelle à adopter un traité international contraignant pour règlementer le développement et l’utilisation de l’intelligence artificielle, sur la base des valeurs qui fondent nos sociétés, telles que le sens de l’existence humaine, la protection des droits humains fondamentaux, la poursuite de la justice et de la paix. L’objectif devrait être la prévention des mauvaises pratiques et l’encouragement des bonnes pratiques.

Le discernement éthique et juridique est l’occasion d’une réflexion sur le rôle de la technologie dans notre vie individuelle et communautaire, et sur la façon dont son utilisation peut contribuer à la création d’un monde plus équitable et plus humain. Ce discernement est indispensable à la construction de la Paix.

On pourra aussi se reporter à deux ouvrages coordonnés par le Service national famille et société de la CEF : Pour un numérique au service du bien commun, Odile Jacob, 2012, et le Document Episcopat #3/2023 intitulé Chrétiens dans la révolution numérique.

Vous trouverez aussi un beau commentaire de ce message en communication narrative sur le site du diocèse de Besançon.

Message pour le 1er janvier 2023 :« Personne ne peut se sauver tout seul. Repartir après la Covid-19 pour tracer ensemble des sentiers de paix »

Découvrez ici un commentaire du message pour la Journée mondiale de la paix 2023, et chaque des interview de grands témoins qui commentent un des axes de réflexion et d’action proposés par François.

Le message du 1er janvier 2023 en images
Un historique des messages du 1er janvier, en image

Commentaire du message pour le 1er janvier 2023

par Mgr Hubert Herbreteau, évêque d’Agen, président de Pax Christi

Dans son message pour la 56ème Journée mondiale de la paix, le Pape François revient sur la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, deux crises majeures qui doivent interpeller l’humanité. Selon lui, seules la fraternité et la compassion, inspirées par l’amour de Dieu, peuvent nous aider à tracer des sentiers de paix.

Un appel à la fraternité

Comme souvent dans ses discours, exhortations ou encycliques, le saint Père utilise des images, des métaphores pour exprimer ce que ressentent beaucoup de gens ou pour susciter des attitudes spirituelles inspirées par l’Évangile.

Les événements de notre existence semblent tragiques et nous traversons « un tunnel sombre et pénible de l’injustice et de la, souffrance ». Le pape parle de la guerre comme d’un « virus ». Nous sommes alors invités « à rester en éveil ». Au lieu de vivre dans le découragement et la résignation, au lieu de céder à la distraction, l’important est de « saisir les premières lueurs de l’aube », comme des « sentinelles ».

Le pape souligne comment la pandémie a provoqué un déséquilibre dans notre vie ordinaire et dans l’ordre social et économique. Elle a menacé la sécurité de l’emploi, aggravé la solitude et fait apparaître un sentiment de défaite et d’amertume provoquant « des conflits sociaux, des frustrations et des violences de toutes sortes ».

La pandémie nous a fait découvrir la fragilité de la réalité humaine et en même temps le besoin les uns des autres. L’intitulé du message insiste sur cette interdépendance : « Personne ne peut se sauver tout seul. Repartir après la Covid-19 pour tracer ensemble des sentiers de paix. » Et le pape François développe ensuite le thème de la fraternité : « Seule la paix qui naît de l’amour fraternel et désintéressé peut nous aider à surmonter les crises personnelles, sociales et mondiales. »

Que pèse la voix du pape ?

Le journaliste Romain Auzouy s’est posé la question dans son émission DEBAT DU JOUR sur RFI. Pour en débattre, il a invité Guy Aurenche, François Mabille et Xavier Le Normand.

Le virus de la guerre

La deuxième partie du message est consacrée à un autre fléau : la guerre en Ukraine. Cette guerre, comme tous les autres conflits dans le monde, est « une défaite pour l’humanité entière ». Le pape va jusqu’à dire que « le virus de la guerre est certainement plus difficile à vaincre que ceux qui affectent l’organisme humain », parce qu’il vient du cœur humain.

Le Pape attire l’attention sur l’interconnexion des crises. Cela invite à relever les « défis de notre monde avec responsabilité et compassion », dans des domaines tels que la santé publique, la paix, l’environnement, le travail, les migrations et l’alimentation

François martèle cette conviction avec ces mots : « Ce n’est qu’en nous dépensant dans ces situations, avec un désir altruiste inspiré par l’amour infini et miséricordieux de Dieu, que nous pourrons construire un monde nouveau et contribuer à édifier le Royaume de Dieu qui est un Royaume d’amour, de justice et de paix ».

On peut retenir aussi de ce message de la paix, l’accent mis sur le bien commun : « Nous ne pouvons plus penser seulement à préserver l’espace de nos intérêts personnels ou nationaux, mais nous devons y penser à la lumière du bien commun avec un sens communautaire, c’est-à-dire comme un « nous » ouvert à la fraternité universelle. »

Ce message du pape est à méditer en cette année 2023 qui commence par une prière pour la paix, le 1er janvier.

Pasteur Christian Krieger, président de la fédération protestante de France
Sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du secrétariat général du Synode des évêques
Dominique Quinio, membre du Comité consultatif national d’éthique
Frère Jean, membre de la communauté de Taizé

Benoit XVI et la Journée mondiale de la paix

D’avril 2005 à févier 2013, un pontificat de huit années pendant lequel le pape Benoit XVI à célébré huit journée mondiale de la paix. Il a prononcé des messages et des homélies dont vous retrouverez des moments forts ci-dessous.

Homélie, 1er janvier 2013 : la paix est don de Dieu

« Voici, chers frères et sœurs, le fondement de notre paix : la certitude de contempler en Jésus Christ la splendeur du visage de Dieu Père, d’être fils dans le Fils, et d’avoir ainsi, sur le chemin de la vie, la même sécurité que l’enfant éprouve dans les bras d’un Père bon et tout puissant. La splendeur du visage du Seigneur sur nous, qui nous donne la paix est la manifestation de sa paternité ; le Seigneur tourne vers nous son visage, se montre Père et nous donne la paix. C’est là le principe de cette paix profonde – « la paix avec Dieu » ‑ qui est liée indissolublement à la foi et à la grâce, comme écrit saint Paul aux chrétiens de Rome (cf. Rm 5, 2). Rien ne peut ôter aux croyants cette paix, pas même les difficultés et les souffrances de la vie. En effet, les souffrances, les épreuves et les obscurités n’érodent pas mais accroissent notre espérance, une espérance qui ne déçoit pas parce que « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5). »

Message pour la paix 2010 : Si tu veux construire la paix, protège la création

« Le respect de la création revêt une grande importance, car «la création est le début et le fondement de toutes les œuvres de Dieu»[1] et, aujourd’hui, sa sauvegarde devient essentielle pour la coexistence pacifique de l’humanité. Si, en effet, à cause de la cruauté de l’homme envers l’homme, nombreuses sont les menaces qui mettent en péril la paix et le développement intégral authentique de l’homme – guerres, conflits internationaux et régionaux, actes terroristes et violations des droits de l’homme – les menaces engendrées par le manque d’attention – voire même par les abus – vis-à-vis de la terre et des biens naturels, qui sont un don de Dieu, ne sont pas moins préoccupantes. »

« le développement humain intégral est étroitement lié aux devoirs qui découlent du rapport de l’homme avec l’environnement naturel, considéré comme un don de Dieu fait à tous, dont l’exploitation comporte une commune responsabilité à l’égard de l’humanité tout entière, en particulier envers les pauvres et les générations à venir. »

« Si tu veux construire la paix, protège la création. La recherche de la paix de la part de tous les hommes de bonne volonté sera sans nul doute facilitée par la reconnaissance commune du rapport indissoluble qui existe entre Dieu, les êtres humains et la création tout entière. »

Message pour la paix 2011 : liberté religieuse, chemin vers la paix

« C’est en effet dans la liberté religieuse que se trouve l’expression de la spécificité de la personne humaine, qui peut ainsi ordonner sa vie personnelle et sociale selon Dieu :  à Sa lumière se comprennent pleinement l’identité, le sens et le but de la personne. Nier ou limiter de manière arbitraire cette liberté signifie cultiver une vision réductrice de la personne humaine ; mettre dans l’ombre le rôle public de la religion signifie engendrer une société injuste, puisque celle-ci n’est pas en harmonie avec la vraie nature de la personne humaine ; cela signifie rendre impossible l’affirmation d’une paix authentique et durable de toute la famille humaine.

J’exhorte donc les hommes et les femmes de bonne volonté à renouveler leur engagement pour la construction d’un monde où tous soient libres de professer leur religion ou leur foi, et de vivre leur amour pour Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme et de tout leur esprit »

« Le monde a besoin de Dieu. Il a besoin de valeurs éthiques et spirituelles, universelles et partagées, et la religion peut offrir une contribution précieuse dans leur recherche, pour la construction d’un ordre social juste et pacifique au niveau national et international.

La paix est un don de Dieu et en même temps un projet à mettre en œuvre, jamais complètement achevé. Une société réconciliée avec Dieu est plus proche de la paix, qui n’est pas simplement l’absence de guerre, qui n’est pas le simple fruit d’une prédominance militaire ou économique, ni encore moins de ruses mensongères ou d’habiles manipulations. La paix, en fait, est le résultat d’un processus de purification et d’élévation culturelle, morale et spirituelle de chaque personne et chaque peuple, processus dans lequel la dignité humaine est pleinement respectée. »

Message pour la paix 2012 : Éduquer les jeunes à la justice et à la paix

« …la paix n’est pas seulement un don à recevoir, mais bien également une œuvre à construire. Pour être vraiment des artisans de paix, nous devons nous éduquer à la compassion, à la solidarité, à la collaboration, à la fraternité, être actifs au sein de la communauté et vigilants à éveiller les consciences sur les questions nationales et internationales et sur l’importance de la recherche de modalités adéquates pour la redistribution de la richesse, pour la promotion de la croissance, pour la coopération au développement et pour la résolution des conflits. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu », affirme Jésus dans le discours sur la montagne (Mt 5, 9).

La paix pour tous naît de la justice de chacun. Personne ne peut éluder cette tâche essentielle de promouvoir la justice, selon ses propres compétences et ses responsabilités. J’invite particulièrement les jeunes, qui maintiennent toujours vive la tension vers des idéaux, à avoir de la patience et de la ténacité dans la recherche de la justice et de la paix, dans l’éducation du goût pour ce qui est juste et vrai, même si cela peut comporter des sacrifices et aller à contre-courant. »

Message pour la Paix 2013 : L’éthique de la paix est une éthique de la communion et du partage

« En chaque personne, le désir de paix est une aspiration essentielle qui coïncide, d’une certaine façon, avec le désir d’une vie humaine pleine, heureuse et accomplie. En d’autres termes, le désir de paix correspond à un principe moral fondamental, c’est-à-dire au développement intégral, social, communautaire, entendu comme un droit et un devoir, et cela fait partie du dessein de Dieu sur l’homme. L’homme est fait pour la paix qui est don de Dieu. »

« La béatitude de Jésus dit que la paix est à la fois don messianique et œuvre humaine. En effet, la paix présuppose un humanisme ouvert à la transcendance. Il est fruit du don réciproque, d’un enrichissement mutuel, grâce au don qui jaillit de Dieu et permet de vivre avec les autres et pour les autres. L’éthique de la paix est une éthique de la communion et du partage. »

« La négation de ce qu’est la véritable nature de l’être humain, en ses dimensions essentielles, en sa capacité intrinsèque de connaître le vrai et le bien et, en définitive, Dieu lui-même, met en danger la construction de la paix. Sans la vérité sur l’homme, inscrite en son cœur par le Créateur, la liberté et l’amour s’avilissent, la justice perd le fondement de son exercice. »

« De cet enseignement, on peut déduire que toute personne, toute communauté – religieuse, civile, éducative et culturelle –, est appelée à être artisan de paix. La paix est principalement réalisation du bien commun des différentes sociétés, qu’elles soient primaires ou intermédiaires, nationales, internationales ou mondiale. C’est justement pourquoi on peut dire que les voies de réalisation du bien commun sont aussi celles qu’il importe de parcourir pour obtenir la paix. »

Naissance de la Journée mondiale de la paix

Si les papes ont tous plaidé avec vigueur pour la paix, il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour que leurs propos sur la paix s’expriment par de nouveaux canaux et trouvent une résonance auprès des gouvernants.

A la suite des traumatismes vé­cus lors de la deuxième guerre mondiale, la paix s’impose comme une urgence face aux ravages des conflits. Cette urgence de paix s’incarne dans l’avè­nement d’un nouvel ordre mondial fondé sur des structures inter­nationales créées pour prévenir les conflits ar­més, et en premier lieu sur l’Organisation des Nations Unies (ONU). Au cœur de ce nouvel ordre mondial, l’Église catholique, dont les alertes sur les dangers des conflits avaient été peu écoutées jusqu’alors par les gou­vernants, entend faire porter sa voix en faveur d’une paix durable et réelle.

Cette volonté s’inscrit dans la nou­velle vision du rapport de l’Église au monde contemporain portée par le Concile Vatican II. Le pape Jean XXII publie, pendant le Concile, son ency­clique Pacem in Terris dans laquelle il souligne que la guerre est une me­nace terrible pour l’humanité et ap­pelle au désarmement. Même si l’en­cyclique s’adresse aux catholiques, le Pape n’hésite pas à « adjurer tous les hommes, et surtout les gouvernants, de n’épargner aucun effort pour im­primer aux événements un cours conforme à la raison et à l’humanité ».

Cette œuvre de transformation du rap­port de l’Église au monde est poursui­vie par Paul VI. Pendant que les pères conciliaires préparent la Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gen­tium, le pape Paul VI, lui, publie son en­cyclique Ecclesiam suam dans laquelle il donne une place importante au dialogue avec le monde contemporain et en dé­finit le cadre général. La constitution Lumen gentium ouvre encore plus l’Église aux réalités spirituelles et religieuses du monde contempo­rain en la positionnant pleinement dedans.

Les voyages du pape Paul VI hors du Vatican expriment aussi cette ambition. Son voyage le 4 octobre 1965 a par­ticulièrement marqué l’Église et le monde contemporain, son dis­cours à la tribune de l’ONU est un vibrant appel à la paix et à ne plus jamais connaître la guerre, mais aussi un appel à donner à l’ONU et aux institutions internationales, les moyens d’empêcher et de résoudre les conflits armés.

L’aboutissement de ce positionne­ment international en faveur de la paix est la publication le 8 décembre 1967, d’un message « à tous les hommes de bonne volonté pour les exhorter à cé­lébrer la « Journée de la Paix », dans le monde entier, le premier jour de l’an­née civile, 1er janvier 1968. Notre désir serait qu’ensuite, chaque année, cette célébration se répétât, comme un sou­hait et une promesse, à l’ouverture du calendrier qui mesure et décrit le che­min de la vie humaine dans le temps. Nous voudrions voir la paix, avec son juste et bienfaisant équilibre, dominer le déroulement de l’histoire à venir. Nous pensons que cette proposition interprète les aspirations des peuples, de leurs Gouvernants, des Organisa­tions internationales qui s’emploient à conserver la paix dans le monde, des Institutions religieuses, qui ont tant d’intérêt à voir la paix sauvegardée … » Plus de quinze ans après la première Journée mondiale de la paix portée par Pax Christi (cf. historique p.18), le pape Paul VI institutionnalise ce rendez-vous qui est accompagné chaque année, d’un message pour le 1er janvier.

Vlatko Maric Aumônier de Pax Christi France

 

 

 

 

 

 

 

 

D’autres points de repère

1968 : Paul VI, Une journée pour la paix

« La paix se fonde subjectivement sur un esprit nouveau, qui doit animer la vie en commun des peuples, sur une mentalité nouvelle concernant l’homme, ses devoirs et ses destins. […] une nouvelle pédagogie doit éduquer les nouvelles générations au respect réciproque des nations, à la fraternité des peuples, à la collaboration des différentes populations entre elles, en vue également de leur progrès et de leur développement. Les organismes internationaux institués dans ce but doivent être soutenus par tous »

1969 : Paul VI, La paix c’est les droits de l’Homme

«  Pour que soit garanti à l’homme le droit à la vie, à la liberté, à l’égalité, à la culture, à la jouissance des biens de la civilisation, à la dignité personnelle et sociale, il faut la Paix ; là où celle-ci perd son équilibre et son efficacité, les Droits de l’Homme deviennent précaires et sont compromis; là où il n’y a pas de paix, le droit perd son visage humain. »

 

1979 : Jean-Paul II, Pour parvenir à la paix, éduquer à la paix

« Pour vaincre le sentiment spontané d’impuissance, la tâche et le bienfait premier d’une éducation digne de ce nom est de porter le regard au-delà des tristes évidences immédiates, ou plutôt, d’apprendre à reconnaître, au cœur même des déferlements de la violence qui tue, le cheminement discret de la paix qui jamais ne renonce, qui inlassablement guérit les blessures, qui maintient et fait progresser la vie. La marche vers la paix apparaîtra dès lors possible et désirable, forte et déjà victorieuse. »

2017, François : La non-violence, la voie politique pour la paix.

« Jésus a tracé la voix de la non-violence, qu’il a parcourue jusqu’au bout, jusqu’à la Croix, par laquelle il a réalisé la paix et détruit l’inimitié ; »

« Jamais Dieu, le nom de Dieu ne peut justifier la violence. Seule la paix est sainte. Seule la paix est sainte, pas la guerre ! »

« La non-violence active est une manière de montrer que l’unité est vraiment plus puissante et plus féconde que le conflit. »