Europe et paix

Introduction

« La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent » : c’est par ces mots que s’ouvre la déclaration que Robert Schuman, ministre des affaires étrangères de la France, prononça le 9 mai 1950, proposant à l’Allemagne de devenir un partenaire à part entière de cet « effort ». La création de ce qui allait devenir la Communauté européenne du charbon et de l’acier, première des trois communautés aujourd’hui « fusionnées » dans l’Union européenne, était d’emblée placée sous le signe de la paix.

La paix entre la France et l’Allemagne, bien sûr, en rendant « matériellement impossible » la guerre entre ces deux nations du fait de la mise sous contrôle international des matières premières (le charbon et l’acier) indispensables à la fabrication des armements, mais aussi la paix pour le continent européen voire pour le monde entier, grâce au relèvement des conditions de vie et au progrès des « œuvres de paix » que la création d’un vaste ensemble économique puissant et ouvert sur le monde rendra possible.

Soixante-dix-huit ans après la déclaration Schuman, nous mesurons, à l’échelle du continent européen, combien ces paroles ont été prophétiques, combien les « efforts créateurs » des pères fondateurs nous ont livré des institutions originales, des politiques communes, des réalisations uniques et surtout, sept décennies ininterrompues de paix sur notre continent.

Avons-nous encore besoin de l’Europe ?

Aujourd’hui, l’Europe, « cette » Europe, est à la croisée des chemins. Si elle a livré ses promesses de « relèvement généralisé des conditions de vie », de liberté de circulation à l’échelle du continent, de progrès économique quasi ininterrompu, elle est aussi une construction fragilisée, « fatiguée » – pour reprendre les mots du pape François, et manquant de « souffle », hésitante sur les nouveaux chemins à emprunter, confrontée qu’elle est à des choix radicaux, à des décisions difficiles.

La fraternité, la solidarité qui avaient présidé à sa création, sont mises à mal devant la montée des nationalismes et des populismes ; le modèle social qu’elle a contribué à développer ne favorise plus l’inclusion sociale ; le développement des peuples du monde s’est mué en un clivage de plus en plus profond entre « les riches » et « les autres », avec l’Europe prise d’assaut par des migrants qui espèrent y trouver refuge et paix.

La construction européenne si elle est inachevée, est plus que jamais nécessaire pour conduire le monde sur la voie de la sagesse écologique, pour placer de nouveau l’homme au cœur de l’économie et non l’inverse.

Pax Christi France croit en ce projet d’une Europe pour l’homme, avec les hommes. Avec d’autres mouvements et initiatives, Pax Christi participe et soutient  Ensemble pour l’Europe  en tant que réseau qui rassemble les Églises chrétiennes pour une Europe plus juste et solidaire. Elle est également engagée au sein des Semaines Sociales de France pour qui l’Europe est un thème récurrent et mobilisateur.

Pax Christi doit se doter alors d’une « vision d’Europe » qui justifie son action avec ces mouvements, rassemble et mobilise ses adhérents et amis, porte le projet européen tel que le pape François et les évêques européens le préconisent.

« Ensemble pour l’Europe »

C’ est une démarche œcuménique commune engagée en Europe depuis 1999 par plus de 300 mouvements et communautés de différentes confessions, pour “donner une âme à l’Europe” au sens des racines chrétiennes. Ils sont catholiques, protestants, orthodoxes, anglicans, luthériens, réformés, évangéliques, pentecôtistes, et membres d’églises libres.

Ils désirent, à la fois, vivre une démarche évangélique et servir la construction d’une Europe de fraternité, de réconciliation, de justice et de paix. Ils le font en apportant la contribution spécifique de leurs charismes, de leurs expériences, et de leurs sensibilités, en s’enrichissant de celles des autres.