Pour la deuxième année consécutive, Pax Christi a participé à la Semaine Orthodoxe organisée par la communauté des frères de Taizé du 6 au 13 août 2023. Ce temps, riche en rencontres et vécue en fraternité avec les autres églises chrétiennes, est l’occasion d’apprendre à mieux se connaître les uns les autres et porter ensemble, dans la prière, un désir d’unité commun pour l’Eglise universelle.
Pour reprendre les paroles du Métropolite oecuménique Dimitrios, venu célébrer la liturgie, qui citait frère Roger, « c’est dans le creuset de la réconciliation que se vit l’unité ». Il a invité chaque chrétien à faire un premier pas vers les autres églises, à rechercher activement cette unité voulue par le Christ, qui répond au commandement de ne faire qu’UN. Il a souligné le rôle important de la jeunesse pour se saisir de cette mission qui nécessite beaucoup de créativité et aussi de la persévérance face aux obstacles occasionnés par cette « blessure spirituelle ». Il a encouragé à préférer parler d’unité que de divisions. Chacun peut entendre ces paroles comme un appel personnel à oser aller rencontrer les autres églises et agir, par la prière et les actes, pour rassembler et pacifier les relations à son humble niveau.
Messe pour la paix
Au coeur de la semaine, une messe pour la paix a été célébrée par la communauté gréco-catholique ukrainienne en hommage aux victimes de la guerre. Dans son homélie, le célébrant a prononcé des remerciements adressés à tous ceux qui prient pour la fin de la guerre qui continue de dévaster le Donbass. Ses derniers mots ont été pour l’Europe et la France afin que les atrocités de la guerre ne viennent jamais jusqu’ici. La communauté de Taizé apporte un soutien important aux enfants qui ont fui le Donbass depuis le début de la guerre, soit en leur offrant un refuge à Taizé même, soit en coordonnant leur intégration dans des familles vivant dans des pays limitrophes grâce à leur réseau de connaissances. Cette année encore, de nombreux jeunes ukrainiens étaient présents pour partager un moment de paix et de recueillement en ce lieu où ils se sentent accueillis et écoutés dans leur souffrance. Le temps de prière autour de la Croix du Christ répétée chaque vendredi est un moment fort et unique, permettant à chacun, dans le silence de son coeur, de venir déposer son fardeau et puiser la force en Christ.
Enseignements spirituels
Ont ponctué la semaine des enseignements basés sur le Livre des Actes des Apôtres. Comme l’a rappelé le frère Luc, « en temps de guerre, la Parole a un poids important, celui de l’espérance« . Alors, comment être artisan de paix et porteur d’espérance pour ceux qui souffrent ? De ces enseignements ont émergé plusieurs questions que Pax Christi invite chacun à se poser. Si le Prince de la Paix a su pleurer sur Jérusalem face au refus de l’Homme d’accepter la paix, le bonheur, nous aussi nous sommes appelés en tant que chrétiens à la suite du Christ à accueillir les larmes de l’humanité souffrante et l’aider à se relever. Chacun pourrait se demander « pour qui mon coeur pleure-t-il? » et « quelles sont les personnes ou les peuples dont j’accepterai de partager le fardeau? » L’engagement du coeur conduit l’Homme à verser des larmes pour espérer la paix. Ces larmes, même dans leur douleur de compassion, sont un don de Dieu et permettent à tout être de se sentir profondément humain. Rien n’est comparable à la paix que l’on ressent après avoir reçu un sourire de reconnaissance émanant de ceux qui ont accepté notre aide et avec qui se construit un chemin de fraternité.
Pour conclure, chacun peut se laisser toucher par la parole de Giovanni Cini (dit aussi Jean de la paix), religieux italien béatifié par l’Eglise catholique qui disait : « Voglio la pace non solo per me ». « Je veux la paix, et pas seulement pour moi-même ». Cette exhortation à porter la paix aux périphéries (de nos quartiers, de nos sociétés, du monde), vers les âmes les plus blessées est une manière de réaliser la béatitude enseignée par Jésus : « Heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils de Dieu. » (Matt, 5)
Bérengère Savelieff, chargée de mission éducation à la paix