Notre terre vit, en ce moment même, des bouleversements inédits tant par leur ampleur que par leurs conséquences : la paix et la survie du monde sont gravement menacées et pire, il semble que les responsables politiques ne peuvent pas ou ne veulent pas s’entendre pour bâtir la paix et la survie au plus vite.
« PAIX SUR LA TERRE AUX HOMMES QUE DIEU AIME ! » … ? Depuis que les hommes fêtent Noël, ce message de paix venu du ciel ne cesse d’être proclamé et célébré dans toutes les églises. En quoi la face du monde en est-elle changée ? Où donc est la paix ? De quelle paix s’agit-il ? Comment sommes-nous concernés ? Dieu aime-t-il vraiment les hommes ?
La paix du monde, la paix sociale, l’entente et la coopération entre les peuples ne nous est pas donnée : ce n’est pas l’affaire de Dieu, mais la mission de tous les êtres humains qu’il a créés libres et responsables pour vivre dans un univers sans cesse à construire et à aménager pour le bien de tous et de chacun. Bien sûr, Dieu peut nous y aider si nous faisons appel à lui et si nous nous aimons comme des frères, ce qui ne semble pas être toujours le cas. Cette paix-là, ne nous est pas donnée, nous aurons toujours à la construire car c’est notre mission et notre grandeur d’hommes.
Les textes bibliques en rajoutent une couche avec des descriptions apocalyptiques: conflits entre nations, étoiles qui tombent, puissances cosmiques ébranlées, les hommes mourant de peur devant des catastrophes incontrôlables : c’est Jésus lui-même qui nous le dit ! Mais il termine son discours effrayant par cette phrase : « Quand ces événements commenceront, redressez la tête car votre rédemption approche (Luc 21:28) ! »
Redresser la tête quand tout s’écroule autour de nous, comment est-ce faisable ?
Il y aurait donc des choses terribles qui peuvent arriver à tous, et en même temps, au milieu de ce désastre, des gens capables de relever la tête parce qu’une force intérieure colossale leur est donnée. Cette force intérieure porte un nom : la paix du cœur.
Bien avant la venue de Jésus, certains psaumes de la Bible nous disent déjà que la paix intérieure existe pour ceux qui font confiance à Dieu comme à leur bon berger : « Passerais-je un ravin de ténèbres, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure. Devant moi tu prépares la table, face à mes ennemis (Ps 22:4-5) ! » Jésus dira plus tard qu’il est lui-même ce bon berger parti à la recherche de celui ou celle qui s’est perdu : chacun et chacune est unique et a du prix à ses yeux, à son Cœur.
« Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau, et près de moi, vous trouverez le repos car je suis doux et humble de cœur. » « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé (Jean 14:27). »
Cette paix-là ne vient pas de nous, elle nous est donnée, dans la mesure où nous voulons la recevoir : « Ouvre large ta bouche, et moi, je l’emplirai (PS 80) ! » C’est la confiance totale faite en Jésus, Fils de Dieu, venu nous dire par ses paroles et par ses actes combien nous sommes aimés. Dieu est amour et n’est qu’amour, au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer.
Mais il ne suffit pas de le dire ou de l’entendre dire : nous pouvons ne rien comprendre à cela et ne pas nous sentir concernés, si nous ne faisons pas personnellement l’expérience de son amour. Tout cela sonne comme des mots creux, inefficaces, si nous n’avons jamais entrevu que Dieu nous aime infiniment, personnellement, concrètement. Dans l’histoire personnelle de chaque être humain, il y a des signes, des manifestations, des événements précis, étonnants, magnifiques, que nous pouvons reconnaître comme venant d’un Dieu qui nous aime personnellement. « L’amour du Christ pour chacun n’est pas générique ni abstrait, mais personnel, où le croyant se sent valorisé et reconnu pour lui-même » écrit le pape François dans sa récente encyclique Dilexit nos §115, relayant la pensée et les écrits de plusieurs saints qui ont découvert dans leur vie cet amour qui leur a apporté la paix du cœur. Elle est à lire !

Après avoir frôlé la mort plusieurs fois lors de maladies graves qui m’ont atteint, j’ai reçu la grâce immense de goûter à cette paix intérieure, quand je me suis abandonné à « ce Cœur qui a tant aimé les hommes ». J’ai prié bien des fois avec la prière d’abandon de Charles de Foucauld : Mon Père, je m’abandonne toi…, j’ai accepté par avance tout ce qui pouvait m’arriver, vivant au maximum l’instant présent en union avec le Christ souffrant. Il s’agit bien là d’un choix, d’une volonté, et finalement par-là, de lui manifester mon amour en m’offrant à lui tel que je suis, avec et au-delà de mes pauvretés, de mes ratés, de mes péchés. Il s’en suit de croire et vivre l’Evangile en cherchant à aimer les autres à la manière de Jésus. Il est impossible de rendre compte de l’effet produit de cette paix, qui est bel et bien la paix de Noël : celle d’un Dieu qui se fait proche et tout petit comme un bébé qui vous tend les bras pour se faire embrasser et s’en remet à celui qui le porte pour grandir avec lui dans l’amour et la confiance partagées. Noël : Dieu avec nous. Nous avec Dieu ! Belle aventure sans cesse réofferte et qui nous renouvelle au milieu-même de toutes les surprises de la vie ! La paix qui en découle est un secret propre à chacun qui lui ouvre son cœur et s’en remet à lui. Totalement !
P. Jean-François Arnoux, prêtre du diocèse d’Autun
Cet article a été publié dans la revue du diocèse d'Autun, Eglise d'Autun.