Le mois de mai, dans le calendrier chrétien, est celui de la Vierge Marie. Elle y est invoquée, honorée, contemplée comme mère, intercesseuse, Reine du ciel et Reine de la paix. Mais ce mois marial ne se limite pas à une piété privée : il se conjugue, dans notre culture européenne, avec la mémoire civique et le projet politique. Car c’est aussi en mai que l’Europe se célèbre, le 9 mai précisément, lors de la Journée de l’Europe, née de l’élan pacifique initié par la déclaration Schuman dont nous fêtons le 75ème anniversaire.
Assurément les douze étoiles qui brillent au-dessus de Marie dans l’Apocalypse et sur le drapeau européen ne sont pas une coïncidence. Et si cette convergence des symboles traduisait un appel à l’unité, à la paix, à une foi incarnée dans le temps et dans l’histoire ?
Marie, une foi engagée dans le quotidien
Mai commence dans notre pays par la fête du Travail, que l’Église fait coïncider avec la mémoire de saint Joseph artisan, figure de dignité ouvrière et de labeur sanctifié, et Marie est présente à ses côtés. C’est une femme simple, laborieuse, attentive. Rien ne l’a jamais éloignée de la réalité humaine. Le « oui » de Marie à l’Annonciation n’a pas été une fuite vers le spirituel : c’est un engagement total. Elle devient mère, éducatrice, témoin. Elle éprouve joies et douleurs. Marie nous montre que la foi ne se vit pas hors-sol, mais au cœur de la vie.
Des étoiles pour la paix
Le drapeau européen arbore douze étoiles dorées formant un cercle parfait, sur fond bleu. Ce symbole, adopté en 1955, voulait représenter l’unité, la paix, la plénitude. Mais peu savent que l’un de ses créateurs, Arsène Heitz, s’est inspiré de la médaille miraculeuse de Marie, où figurent justement douze étoiles en cercle.
Ce symbole devient alors un pont entre ciel et terre, entre foi et politique. L’unité à laquelle l’Europe aspire n’est pas sans affinité avec celle que Marie incarne : unité dans la diversité, communion dans l’épreuve, hospitalité dans l’espérance. Marie, juive de Palestine, mère du Christ, figure respectée dans l’islam, devient un visage possible du dialogue interreligieux. Pourquoi ne serait-elle pas aussi le visage caché de l’unité européenne ?
Une prière pour l’Europe, un engagement pour demain
Marie ne se contente pas d’inspirer. Elle pleure aussi. Elle pleure les exilés rejetés, les enfants pris dans les conflits, les peuples divisés. Elle pleure les murs que l’on érige entre les cultures et les religions. En ce mois de mai, elle implore pour l’Europe, pour qu’elle retrouve le sens de sa vocation première : la paix par le dialogue, l’unité dans la diversité.
Dans ce mois de mai aux couleurs partagées — le bleu de Marie, le bleu du drapeau européen, les étoiles d’espérance dans l’un comme dans l’autre — nous sommes appelés à réconcilier prière et action, foi et responsabilité. À marcher, comme elle, dans l’histoire. À faire de la foi un ferment d’engagement. À faire de l’Europe un espace de dialogue, de fraternité et de paix.
Marie, Reine de la paix, prie pour l’Europe. Et inspire-nous l’audace de ton « oui ». Amen
