Monsieur Marc Varescon écrivait dans son édito du mensuel du diocèse de Besançon du mois de novembre : « (…) Nous fêtons la paix alors que la petite musique de la guerre résonne de plus en plus en Europe. La paix a tendance à devenir comme ces fleurs fanées qu’un vent froid a desséchées. C’est oublier que le bellicisme est généralement sans issue et que la paix est bien souvent meilleure que la plus juste des guerres. Cela vient de surcroît en contradiction avec l’ouverture de l’année sainte 2025, dont le message principal est l’espérance. » Dans ce même mensuel, l’évêque du lieu, Monseigneur Jean-Luc Bouilleret nous livrait une réflexion intitulée « Guerre et paix ».
Entre 1865 et 1869, Léon Tolstoï publie une histoire de la Russie à l’époque de Napoléon 1er. Il développe la campagne de Russie en 1812 qui a ravagé le pays. L’Europe est à sang et à feu. Napoléon enchaîne les conflits. Nous sommes au cœur du XXe siècle qui a façonné notre continent européen. La Russie a résisté avec puissance pour garder son intégrité et son identité nationale.
Aujourd’hui, la Fédération de Russie a envahi son voisin ukrainien pour des raisons expansionnistes. Depuis le 24 février 2022, les combats font rage et nul n’est prêt à envisager un dialogue vrai et constructif qui débouchera sur un premier cessez-le-feu. Guerre et paix hantent les combattants des deux camps.
À un autre bout de la Méditerranée, Israël poursuit sa campagne d’éradication des mouvements terroristes à Gaza et au Liban. À la suite de l’attaque du 7 octobre 2023, Israël renforce sa sécurité qu’il perçoit menacé par les pays voisins et les factions militaires qui pèsent sur les régions proches.
Des milliers de civils perdent la vie dans ces combats destructeurs. Le prix à payer n’est-il pas disproportionné ? C’est l’ensemble du Proche et Moyen-Orient qui est en train de devenir une poudrière. Aucune voie diplomatique ne semble s’ouvrir pour cesser ces combats. Guerre et paix ne se conjuguent pas.
Les descriptions de Léon Tolstoï sont celles d’aujourd’hui. La mémoire des peuples semble vaciller. En Europe, les trois conflits qui ont opposé la France et l’Allemagne semblaient insurmontables. Peu à peu la volonté de paix de quelques artisans a permis des décennies de paix et de coopération. Tout cela est bien fragile maintenant.
La recherche de la paix ne peut s’enraciner que dans la volonté de croire qu’il est toujours possible de travailler entre belligérants pour avancer vers une paix durable et consolidée.
La communauté Sant’Egidio est un des acteurs majeurs de la recherche de solutions pour établir la paix au cœur des conflits qui traversent notre planète. Lors de la dernière rencontre internationale à Paris les religions ont participé à de riches échanges pour favoriser des chemins de paix.
Nous sommes bien impuissants face à tous les conflits qui traversent notre planète en ce début de millénaire. Par la prière, tournons-nous vers l’Esprit-Saint pour qu’il convertisse les cœurs les volontés et les intelligences.
Dans l’évangile, Jésus nous interpelle : « Heureux des artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »
+ Jean Luc Bouilleret, Archevêque de Besançon
Paru dans le journal du diocèse de Besançon novembre 2024