Il est banal de dire que notre monde ne va pas bien et nous voyons les conflits se multiplier sur la planète. La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine dure depuis plus de deux ans et demi et les victimes, militaires mais aussi civiles, sont de plus en plus nombreuses avec leur cortège de souffrances dans les familles, de désolation devant les destructions matérielles ou les séquelles des blessures infligées. La population ukrainienne est à la fois lasse de cette situation dramatique mais toujours déterminée à préserver sa liberté et son attachement à la démocratie. Le chemin vers une cessation des hostilités et une paix juste semble encore bien lointain.
A ces deux conflits majeurs, il faut en ajouter beaucoup d’autres, moins médiatisés parce que plus lointains ou hors de nos champs de perception immédiate (Yémen, Sahel, Birmanie, Congo et tant d’autres…). L’ONU semble paralysée par les oppositions des grandes puissances, incapables de dépasser leurs luttes d’influence pour trouver un chemin pour le bien de l’humanité tout entière. Alors que nous allons bientôt célébrer les 60 ans de l’appel de saint Paul VI aux Nations Unies à New-York : « Plus jamais la guerre, plus jamais la guerre ! », ce cri ne serait-il qu’un vœu pieux ?
Pour les croyants et les chrétiens en particulier, il ne peut s’agir de baisser les bras et de renoncer à cette quête de la Paix,
Pour les croyants et les chrétiens en particulier, il ne peut s’agir de baisser les bras et de renoncer à cette quête de la Paix, si ancrée dans le cœur de l’homme et si difficile à atteindre sans mettre en œuvre la Justice nécessaire. Cette tâche est certes le travail de l’homme, mais plus encore l’œuvre de Dieu qui, seul, peut changer les cœurs et éclairer les consciences. C’est pourquoi il nous faut toujours prier pour la Paix, la Paix dans le monde mais aussi la Paix dans notre environnement immédiat (en famille, au travail, dans la vie sociale, dans les engagements politiques, au sein de notre Église) et en nous-même, dans ce qui habite notre cœur, notre regard, notre volonté. Quand le Christ ressuscité offre la Paix à ses disciples, ce n’est pas un vœu en l’air mais le don qu’Il leur fait et, par là-même, qu’Il nous fait pour nous accompagner sur le chemin de la vie quels que soient les difficultés, les épreuves et les drames qui peuvent le jalonner.
En revenant de Prague où étaient réunies les Commissions Justice et Paix d’Europe pour redire la nécessité du dialogue dans la vérité face aux mensonges, aux fausses nouvelles et à la propagande, j’ai pu participer à l’appel de Paix lancé depuis Paris par les représentants des différentes religions réunis à l’initiative de la Communauté de Sant’ Egidio : « les religions, en puisant dans leurs traditions et dans le trésor de leur sagesse, savent que la Paix est la vie du monde. Elles savent que la guerre au nom de Dieu est un blasphème (…). Leur force est faible mais pleine d’espérance. Par le dialogue, les religions peuvent imaginer la Paix. Elles ne renoncent pas à croire que la Paix est la meilleure condition de vie pour les peuples, la seule qui soit vraiment humaine et digne. »
Oui vraiment, Heureux les artisans de Paix !
Mgr Antoine Hérouard
Edito paru dans ECO N° 818 – Octobre 2024