Dans une période où nous pourrions céder au pessimisme devant la violence assumée, au mépris du droit, dans plusieurs régions du monde avec le soutien de pays complices, un événement ne devrait pas nous laisser indifférents. En effet, nous célébrions le 28 d’octobre dernier le soixantième anniversaire de la promulgation par Paul VI de la déclaration conciliaire Nostra Aetate (les deux premiers mots en latins de cette déclaration qui signifient : à notre époque).
Initialement pensée pour traiter de la relation entre les juifs et les chrétiens après les violences extrêmes exercées contre le peuple juif en Europe particulièrement la Shoah, cette déclaration du concile Vatican II traite des relations de l’Église catholique avec les autres religions.
Dans les premiers temps de l’Église, existait une théorie erronée et non fondée théologiquement qui affirmait que « Dieu aurait alors abandonné ce peuple (juif) pour le remplacer par l’Église des nations, celle des Gentils. »(1). La déclaration conciliaire affirme quant à elle : « L’Église du Christ, en effet, reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent, selon le mystère divin du salut, chez les patriarches, Moïse et les prophètes. Elle confesse que tous les fidèles du Christ, fils d’Abraham selon la foi, sont inclus dans la vocation de ce patriarche, et que le salut de l’Église est mystérieusement préfiguré dans la sortie du peuple élu hors de la terre de servitude. C’est pourquoi l’Église ne peut oublier qu’elle a reçu la révélation de l’Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné

conclure l’antique Alliance, et qu’elle se nourrit de la racine de l’olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l’olivier sauvage que sont les Gentils. L’Église croit, en effet, que le Christ, notre paix, a réconcilié les Juifs et les Gentils par sa croix et en lui-même, des deux, a fait un seul. »(2)
Tous les hommes formant une seule communauté, L’Église reconnaît que les différentes religions cherchent à répondre « aux énigmes cachées de la condition humaine ». Aussi, Elle « ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions ». Nostra Aetate est une déclaration sur le dialogue interreligieux.
Sans oublier le dialogue, souvent modeste, au jour le jour, comment ne pas évoquer ces événements phares qui ont pu ainsi exister : les rencontres d’Assise et le document sur la fraternité humaine signé du Pape François et du Grand Imam d’Al-Lahar Ahmed Al-Tayyeb.
A l’occasion de cet anniversaire, écoutons le Pape Léon XIV : « Aujourd’hui encore, nous ne devons pas laisser les circonstances politiques et les injustices de certains nous détourner de l’amitié, d’autant plus que nous avons beaucoup progressé jusqu’à présent », a-t-il affirmé, appelant chrétiens, juifs, musulmans et croyants d’autres traditions à « agir ensemble » pour « atténuer la souffrance humaine et prendre soin de notre maison commune ».
Nostra Aetate demeure une voie essentielle vers la Paix. Dans une période où des revendications identitaires, en partie religieuses, s’affirment, le dialogue doit être une de nos priorités pour éviter des conflits dévastateurs. Nous pouvons porter ensemble une spiritualité de la paix au service de la communauté humaine.
Hervé DORY, vice-président de Pax Christi France
(1) Jean-Michel Garrigues dans La Croix du 26/09/25 (2) Nostra Aetate §4









