Deuxième semaine de l’Avent : Redécouvrons la contribution de l’église pour une société réconciliée dans la justice et dans l’amour, avec sa doctrine sociale.
Face aux inégalités croissantes, aux crises économiques et aux conflits sociaux, l’Église catholique, ne se contente pas de proposer une réflexion théorique : elle offre une vision concrète et qui nous encourage à œuvrer pour la justice. Le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église (§565) le rappelle, l’action des chrétiens doit trouver sa source dans la recherche du bien commun, le développement de la justice, le respect des réalités terrestres, le principe de subsidiarité, ainsi que la promotion du dialogue et de la paix. Retrouvons ici un bref résumé du chapitre onze du Compendium, La promotion de la paix, partie II.
Ces orientations ne sont pas de simples idéaux. Elles constituent un appel à l’action, une invitation à repenser les structures sociales, économiques et politiques pour qu’elles servent véritablement la dignité de chaque personne. La justice, dans cette perspective, n’est pas seulement une question de lois ou de redistribution, mais une exigence morale et spirituelle qui touche à la fois les cœurs et les institutions.
La justice comme réponse au scandale de la pauvreté
La justice émerge de la réalité concrète des inégalités, de la souffrance et de l’exclusion. Les inégalités ne sont pas seulement le fait de circonstances individuelles, mais le résultat de structures économiques et sociales qui favorisent certains au détriment d’autres. Jean-Paul II parlait de « structures de péché » pour désigner ces systèmes qui, reproduisent et amplifient les injustices. Face à ce constat, la doctrine sociale de l’Église ne se contente pas d’appeler à la charité individuelle. Elle exige une double conversion : une conversion des cœurs, pour que chacun reconnaisse sa responsabilité envers les plus vulnérables, et une conversion des institutions, pour que les lois et les pratiques économiques soient au service du bien commun.
La justice, telle que la conçoit l’Église, doit être « en excès » c’est-à-dire marquée par une générosité qui va au-delà des strictes obligations. Cette idée rejoint celle de la miséricorde : face à l’ »excès de mal » qui frappe le monde – pauvreté, exploitation, exclusion –, il faut répondre par un excès de bien. Cela signifie que les politiques sociales, les lois et les initiatives économiques doivent non seulement corriger les injustices, mais aussi créer les conditions d’une société plus fraternelle.
Des principes d’action pour les chrétiens
Au cœur de la doctrine sociale de l’Église se trouve l’idée du bien commun, c’est-à-dire l’ensemble des conditions qui permettent à chaque personne de s’épanouir pleinement. l’Église propose une éthique du service. Les chrétiens laïcs, en particulier, sont appelés à mettre leurs compétences et leur engagement au service des autres, en privilégiant toujours l’intérêt collectif sur les intérêts particuliers.
Ce principe a des implications concrètes dans tous les domaines de la vie sociale. En politique, c’est œuvrer pour des lois qui protègent les plus vulnérables ; dans le monde économique, promouvoir des modèles qui ne sacrifient pas l’humain au profit ; dans la vie quotidienne, c’est avoir une attention constante aux besoins des autres, surtout ceux qui sont marginalisés.
Le principe de subsidiarité
L’Église reconnaît que les réalités terrestres – la politique, l’économie, la culture – ont leur propre autonomie. Elle ne cherche pas à imposer un modèle unique, mais à éclairer les consciences pour que les choix faits dans ces domaines respectent la dignité humaine. C’est dans ce cadre que s’inscrit le principe de subsidiarité, selon lequel les décisions doivent être prises au niveau le plus proche des citoyens. Cela permet d’éviter un centralisme étouffant d’un côté, et d’un autre côté, un individualisme qui isole. La subsidiarité encourage la participation active de tous aux décisions qui les concernent, que ce soit dans une entreprise, une commune ou une nation. Elle favorise ainsi une justice plus responsable et plus proche des réalités vécues.
L’importance du dialogue
La justice ne peut s’imposer par la force ou par décret. Elle se construit par le dialogue, c’est-à-dire par une rencontre véritable entre les différents acteurs de la société. Ce dialogue doit être fondé sur le respect mutuel et la recherche d’un bien qui dépasse les intérêts particuliers. Il est particulièrement nécessaire dans les contextes de conflit ou de division, où la confrontation prend la place de la coopération.
Ainsi la paix, fruit de la justice, n’est pas simplement l’absence de guerre. Elle est le résultat de la solidarité, quand chacun reconnaît sa responsabilité envers les autres. Cette solidarité ne se limite pas à des gestes ponctuels de générosité. Elle implique un engagement durable pour transformer les structures qui génèrent l’injustice et pour construire une société où chacun a sa place.

Quand justice et charité se rencontrent
Chacun est certes appelé à changer de cœur, mais aussi à adopter un mode de vie plus solidaire et la conversion doit aussi conduire à agir pour réformer les structures qui perpétuent l’injustice.
Ainsi justice et charité se complètent : la justice crée les conditions d’une société plus équitable, tandis que la charité inspire une culture de la rencontre et de la compassion. Ensemble, elles permettent de construire une société où chacun peut vivre dans la dignité, et où les plus vulnérables ne sont pas laissés pour compte.
Un appel universel à l’engagement
Les fidèles ont un rôle particulier à jouer dans la mise en œuvre de la doctrine sociale. Leur mission n’est pas de se replier sur eux-mêmes, mais d’incarner l’Évangile dans leur vie professionnelle, politique et sociale. Nous sommes appelés à témoigner d’une autre manière de faire de la politique, de l’économie ou du droit, fondée sur la dignité humaine et le bien commun.
Les principes que propose la doctrine sociale de l’Église – la dignité de la personne, la destination universelle des biens, la solidarité – sont des valeurs universelles, qui peuvent inspirer tous ceux qui cherchent à construire une société plus juste, et pas seulement les chrétiens. L’Église apporte une réponse exigeante mais concrète à la quête de justice qui est un défi commun à toute l’humanité.
En articulant justice et charité, l’Église rappelle que la lutte contre la pauvreté et l’injustice n’est pas seulement un devoir moral, mais un chemin de réconciliation. Elle montre que la justice n’est pas une utopie, mais une exigence réaliste et urgente, qui concerne chacun d’entre nous.
MPC









