Communiqué sur la Nouvelle-Calédonie

En Nouvelle-Calédonie, la crise n’est pas finie. Le 19 juin, 8 personnes, membres de la CCAT (Cellule de Coordination des Actions de Terrain), ont été mis en garde à vue. Cette cellule est à l’origine du soulèvement contre la réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, mais appelait pourtant au calme après les arrestations, tout en les dénonçant fermement. Aussi, la crainte d’un nouvel embrasement est-il toujours présent. Un large périmètre de sécurité avait été  mis en place autour de la gendarmerie,  lieu des gardes à vue, et de nombreux magasins, des banques et plusieurs administrations avaient été fermées le jour des arrestations. Rappelons que les émeutes déclenchées le 13 mai avaient fait neuf morts, dont deux gendarmes.

Pax Christi a souhaité s’exprimer sur cette situation pour appeler au dialogue et à l’écoute des populations.

Les événements récents qui se sont déroulés voire se poursuivent à Nouméa nous renvoient quarante ans en arrière et réveillent le spectre des affrontements tragiques de cette époque. La sagesse de quelques-uns qui avaient accepté de dialoguer pour une construction commune malgré les divergences, a ramené une paix fragile aujourd’hui menacée.

Le courage politique est d’admettre que ces dernières années, le dialogue entre partenaires égaux a laissé place à la crispation, au-delà des postures, par manque d’écoute et sans doute par méconnaissance des cultures, de l’histoire et des aspirations de populations.

L’équilibre est difficile à trouver entre les descendants des peuples colonisés et les colons venus de métropole, dont une partie sont les descendants des bannis de la République. Dans cette délicate situation, l’Etat se doit d’être le garant impartial du dialogue, jusqu’à l’acceptation des choix des populations.

La garantie de la paix publique repose sur la confiance. Le dialogue ne peut donc être subordonné au rétablissement préalable de la paix civile.

La confiance repose à son tour sur la connaissance de l’autre, de sa culture, de son histoire et de ses traumatismes. La colonisation en est un, comme la déportation.

La connaissance passe par la recherche de la vérité, elle demande à tous respect.

Sans doute faut-il se convertir à l’idée que la construction de l’avenir de ce territoire ne peut venir de la métropole et admettre que la question de sa relation avec celle-ci soit périodiquement posée.

Il appartient à l’Etat de se mettre au service du dialogue nécessaire entre les parties concernées et de leur laisser le temps de trouver un consensus, sans interférer et en leur fournissant les moyens de se construire un avenir commun.

PAX CHRISTI FRANCE