Une commission Nouvelle Fondation

Pax Christi France, en lien avec Pax Christi International, accueille dans son pôle juridique une nouvelle commission intitulée : « Nouvelle fondation ». Elle a pour but de proposer des réformes des institutions onusiennes. Ce travail se fait en lien avec de nombreuses associations.

Le projet ne serait-il pas présomptueux ? S’il faut reconnaître l’immense travail accompli par l’ONU depuis 80 ans, certains aspects ont besoin d’être réformés. Cette nécessité est portée par beaucoup d’Etats, dont la France, des organisations de la société civile mais aussi par l’Assemblée générale des Nations Unies elle-même (voir les propos de Madame Annabelle BAERBOCK, nouvelle présidente de l’assemblée générale des Nations Unies) .

Depuis 1945, il y a un questionnement sur la composition du Conseil de sécurité et l’utilisation du droit de veto par les membres permanents. Le conseil de sécurité est composé des nations victorieuses de la seconde guerre mondiale : Etats-Unis, URSS, Chine, Royaume Uni et France, les deux dernières citées étant les principales puissances coloniales de l’époque. En 1945, les cinq membres permanents représentaient 80 % de la population mondiale avec les empires coloniaux. Aujourd’hui, ils en représentent le tiers.

Cette suprématie est constitutive d’une inégalité de traitement entre les nations.

Comment mieux assurer la stabilité de l’institution avec une meilleure représentation des Etats membres ? Comment mieux gérer en particulier les crises humanitaires aigües ? Prenons comme exemples les vetos répétés de la Russie ou des Etats-Unis concernant la Syrie ou Gazza.  Ces vetos contreviennent à l’application du droit international et le fragilise. Ce n’est pas le droit qui devient inadapté, c’est l’usage que les grandes puissances en font qui l’affaiblisse.

Dès 1945, Maurice Zundel, prêtre et grande figure spirituelle de XXe siècle, écrivait sans détour : « La conférence de San Francico (1) a pratiquement livré le monde à l’hégémonie des grandes puissances. Grandes, c’est à dire les mieux armées pour faire triompher leurs intérêts » (Oeuvres complètes tome 4 page 509,  ed. Parole et Silence).

Dans le Compendium de la doctrine sociale de l’Église (2) au numéro 437, nous pouvons lire : « La réflexion juridique et théologique a formulé des principes universels comme l’unité du genre humain, l’égale dignité de chaque peuple, le refus de la guerre pour régler les différends, l’obligation de coopérer en vue du bien commun, l’exigence de respecter les engagements souscrits. Il faut particulièrement souligner ce dernier principe pour éviter « la tentation de recourir au droit de la force plutôt que la force du droit »  (3). »

Avec la pensée sociale de l’Église, nous diposons de solides références pour élaborer des propositions de réforme.

La promotion de la paix est multiforme. De l’action la plus simple dans la famille, à l’école, … à la réforme des instances de l’ONU, il y a une continuité qui fait sens. Chacun peut y prendre sa place.

Hervé DORY, vice-président de Pax Christi France

(1) Conférence de San Francisco  en juin 1945 : réunion internationale qui élabora le Charte des Nations Unies.
(2) Le Compendium (recueil de textes) de la doctrine sociale de l’Église est disponible aux éditions du Cerf ou sur le site du Vatican.
(3) St Jean Paul II : Message pour la Journée Mondiale de la Paix de 2004