L’économie du partage

« La nouvelle économie du partage » est un projet d’étude qui vient de faire l’objet d’une parution, initié par M. Ghislain le Ray, professeur de SES au lycée Chateaubriand à Rennes et représentant de Pax Christi International à l’UNESCO. Titouan Jain, interrogé ici, est l’un de ses élèves dans ce lycée et un des cofondateurs du projet. Il a 18 ans et il poursuit maintenant un cursus de droit franco-allemand (Paris I / Uni zu Köln).

« Au total nous sommes 8 étudiants, immédiatement enthousiastes, à avoir participé à ce projet. Nous avons d’abord choisi chacun une thématique sur l’économie en fonction de ce qui nous correspondait le plus, puis nous avons fait plusieurs mois de recherches avec une période assez longue de rédaction. Une fois les textes mis en commun, ils forment un récit qui décrit des théories économiques innovantes du 21ème siècle qui sont souvent peu connues du fait de leur caractère hétérodoxe, ce qui les rend parfois inaudibles dans le débat public.

Ce que j’ai trouvé pertinent dans ce projet, c’est la possibilité de travailler en groupe, de partager ses réflexions, ses recherches et de permettre au grand public de les découvrir. La force de ce groupe réside dans la pluralité de nos parcours universitaires. En effet, nous n’avons pas tous choisi d’étudier l’économie, certains se sont orientés vers des études de droit ou encore de sciences politiques.

Je pense que cela apporte une vraie singularité au livre car s’il parle d’économie, il fait d’abord la part belle à l’humain : rappelons au passage que l’économie fait partie des sciences humaines. Et ce serait une erreur de ne pas l’associer aux autres sciences humaines telles que la sociologie, les sciences politiques, le droit, la philosophie politique…

Concernant la mise en place du projet, il a fallu effectuer les différentes tâches dans un temps imparti. La réussite d’un projet passe forcément par une bonne gestion du temps, ce qui n’est pas simple quand c’est un travail collectif. Il a fallu se préoccuper du financement du livre, et j’ai proposé la mise en place d’une cagnotte participative en ligne sur KissKissBankBank. Tout en continuant la rédaction, il a fallu rechercher un éditeur. Parvenir jusqu’à l’édition de ce livre a nécessité beaucoup d’énergie, mais le résultat en vaut largement la peine et je suis extrêmement fier d’avoir travailler avec cette magnifique équipe !

Pour revenir au fond du livre, nous y abordons l’économie sous un angle inhabituel, en faisant un lien entre le partage et la paix dans nos sociétés. Ces liens sont analysés et l’interdépendance entre économie et paix mise en lumière. Le partage permet en effet une économie plus durable dans laquelle chaque acteur économique/individu trouve sa place : cette saine économie ne peut qu’être bénéfique à toute société. Nous avons découvert aussi que pour avoir une économie saine, il faut pouvoir non seulement la rendre mais aussi la maintenir prospère. Or lors de l’émergence de conflits de n’importe quelle nature qu’ils soient, on voit que les acteurs économiques deviennent beaucoup plus réticents et n’investissent quasiment plus, alors que les lieux menacés de conflits auraient besoin d’une économie prospère avec des acteurs confiants.

Pour ma part, je me suis concentré sur la gestion des biens communs, comme l’eau potable, dont la gestion est souvent source de tension. Dans ce chapitre, j’aborde la gestion de l’eau potable sous différents angles, juridique, sociétale et écologique, mais surtout d’un point de vue économique avec deux théoriciens des biens communs que sont Garett Hardin et Elinor Oström. Pour poser des bases objectives et claires dans un débat souvent flou, avec des intérêts divergents sur la question, j’ai eu l’immense honneur d’interviewer Chantal Gascuel, agrohydrologue et directrice de recherche à l’INRAE.

J’invite ainsi chaque personne, pas seulement les plus jeunes, à lire ce livre pour pouvoir regarder le futur avec plus d’optimisme. Les solutions pour un monde plus juste sont là, il faut avoir l’envie de les découvrir pour les mettre en œuvre ».

Le dernier ouvrage auquel Chantal Gascuel a participé : Quatre-vingt chercheurs donnent des pistes pour l'agroécologie.