Un récit de Bérengère Savelieff, Chargée d’éducation à la paix de Pax Christi France
Alors que nous étions encore en marche vers Pâques, je me suis rendue à Lourdes au commencement de la Semaine Sainte pour partager deux jours avec plus de 13 500 jeunes. Venus de huit diocèses d’Ile de France, ils ont prié, loué et adoré Dieu en ce lieu symbolique à l’occasion du FRAT’2025 qui rassemble une année sur deux les lycéens des aumôneries de l’enseignement public et privé (les autres années sont consacrées aux collégiens).
Le thème du FRAT’ de cette année, tiré du livre des Rois et symbolisant la rencontre entre Dieu et le prophète Elie, « au creux du rocher » (1R 19, 8-13), avait éveillé mon intérêt et ma créativité.
C’est en effet au creux du rocher que sont nos cœurs que Dieu peut se révéler, et les événements tel que le FRAT’ sont des occasions uniques pour apprendre à mieux connaître Dieu et la manière dont il parle à chacun. Quoi de plus naturel alors que de chercher à enseigner à ces jeunes, les manières variées avec lesquelles ils sont appelés à construire le Royaume de paix et de justice auquel le Christ nous invite, et d’y contribuer en y apportant leur pierre…
Sur le chemin de la messe matinale, mon regard croise celui d’un adolescent âgé d’une quinzaine d’années qui porte un bandeau avec une inscription « Jamais sans Jésus ». Très touchant pour moi de voir cette jeunesse qui ose s’appuyer sur le Christ ouvertement et en vivre avec ferveur… L’ambiance dans les rues est pétillante et chaleureuse malgré une pluie torrentielle. Des centaines de groupes déambulent, reconnaissables à la couleur de leurs polos, au son de leurs chants et de leurs instruments de musique. C’est décidemment un pèlerinage pas comme les autres, débordant d’une énergie et d’une générosité contagieuses.

Tout en me dépêchant, j’achète un parapluie à la volée à l’entrée du Sanctuaire. Une fois arrivée à la grotte, je comprends très vite que j’ai eu une bonne inspiration. Je peux inviter trois jeunes bousculés par les rafales de vent et en simples sweatshirts à s’abriter. A leur sourire en coin, je vois qu’ils sont reconnaissants de cette protection inespérée. J’observe autour de moi les groupes de jeunes recroquevillés sous leurs capuches. Beaucoup d’entre eux n’ont pas dormi et je suis étonnée de voir leur détermination à rester sous une pluie diluvienne alors qu’ils auraient pu rester dormir.
Après le message d’envoi, je me sépare de mes petits camarades en leur souhaitant bonne chance et me mets en route vers l’hôtel où doivent se dérouler les ateliers que je vais animer. On m’y a réservée une salle de réunion au 2e étage, je ne suis pas mécontente d’être au chaud et au sec !

Au moment où j’arrive, la salle est occupée par un groupe d’adolescents se préparant à la confession. A travers la porte, j’entends le prêtre les rassurer, leur parler de confiance, de liberté… je décide de patienter et de ne pas les interrompre. Après leur sortie, il ne me reste que quelques minutes pour installer mon matériel et surtout prier pour que les cœurs soient à l’écoute. « Comment devenir artisan de paix à la suite du Christ ? », voilà le titre des ateliers que je leur propose de vivre, et dont j’espère qu’ils repartent avec de nouvelles inspirations, de la joie, et surtout, avec la volonté de faire le bien autour d’eux !
Ces ateliers sont des exercices pratiques des enseignements du Christ. L’animateur est à l’écoute du Christ pour, à sa suite, se montre attentif à tout et à chacun, qu’il soit fatigué, en opposition, ou plein d’énergie et d’enthousiasme. C’est Jésus qui inspire des gestes, des paroles et des attitudes qui incluent, accompagnent, soutiennent, interrogent, interpellent, pour que chacun puisse mettre à profit ce temps et repartir avec un appel à creuser, pour aller plus loin. Tout l’enjeu est d’aider ces jeunes à rendre concret leur engagement à construire le Royaume et à suivre Celui pour lequel ils se sont tous réunis au FRAT’.
Le temps d’un atelier, j’ai pu voir se mettre en place des mécanismes de solidarité, de pratique du respect, de la tolérance et éveiller leur curiosité. Cela s’est traduit immédiatement par fruits simples : certains jeunes ont proposé spontanément d’aider à ranger, ont souhaité échanger davantage sur ce qui avait été dit, sur les activités de Pax Christi. Ce désir de chercher à entretenir et à approfondir le lien est souvent le signe que quelque chose a été semé et va grandir…
Le FRAT’ est une expérience unique pour ces jeunes, qui reprennent des forces aux pieds de la Vierge Marie. C’est une belle opportunité de les rencontrer et de leur transmettre le message que porte Pax Christi : celui de la réconciliation entre l’homme et Dieu, source de joie, et celle que nous cherchons à faire advenir entre les hommes, objet de notre espérance.
