Une réflexion de Sr. Bridget Crisp rsm, Pax Christi Aotearoa New Zealand – Nonviolent Bridges for Dialogue
Un pont est un moyen d’atteindre une autre rive facilement en évitant les obstacles et les dangers que présente le terrain. C’est donc un outil de connexion. Le dialogue peut également être considéré comme un outil de connexion, mais il n’est pas sans obstacle ni sans dangers.
Le dialogue entre les individus crée des relations, ouvre des possibilités et peut permettre de travailler en étroite collaboration pour une cause commune. S’il est bien mené, il peut instaurer la confiance et déboucher sur des relations durables basées sur le respect et la dignité d’autrui.
Un dialogue qui n’est pas bien mené alimente l’incompréhension et la méfiance. Il ternit le respect et la dignité et peut conduire à des abus de pouvoir.
Pour créer un dialogue constructif, durable, bon et non violent entre les personnes, nous devons allier le dialogue à une écoute active et authentique. Cela signifie qu’il faut aller sur le terrain complexe et dangereux de la relation et y rester pour écouter et comprendre la douleur, la colère et la frustration qui peuvent être présentes. Cela implique de rester activement présent dans le dialogue et d’entrer en collaboration pour faire face à la douleur, à la colère et à la perte qui s’y révèlent.
Les nations de notre monde n’ont pas entretenu de bonnes relations avec les peuples autochtones de leurs territoires. La colonisation a touché toutes les parties du monde. Au cours de l’histoire, nous avons vu des puissances mondiales conquérir le monde et s’approprier des terres qui n’étaient pas les leurs, dépouillant les peuples premiers/indigènes de leur culture et de leurs valeurs. Le dialogue avec les peuples autochtones et les instances dirigeantes a souvent été unilatéral et a manqué d’écoute active.
En Aotearoa (nom maori de la Nouvelle-Zélande), l’actuel gouvernement de coalition a introduit un projet de loi, afin que certains des principes – ceux de la traduction anglaise du traité du Te Tiriti o Waitangi/Traité de Waitangi (1840), document fondateur sur la façon dont les Britanniques et les tribus Māori devaient vivre côte à côte – soient considérés comme les seuls principes auxquels tous les peuples (de ce territoire) doivent se conformer.

Cette proposition et l’introduction de ce projet de loi ont réduit à néant de nombreuses années de travail acharné de dialogue et d’écoute de la douleur et de la colère provoquées par les promulgations du gouvernement colonial de la seconde moitié du XIXe siècle et des politiques successives du gouvernement néo-zélandais. Pendant la plus grande partie du XXe siècle les Māori ont continué de subir la saisie de leurs terres, la suppression de leur langue, de leurs valeurs et de leur mode de vie.
Les réactions s’opposant à ce projet de loi ont été très nombreuses, tout comme les marches de protestation qui soutiennent le traité de Waitangi tel qu’il est. Le nombre de non-Māori s’opposant au projet de loi et participant aux marches est significatif, car les Néo-Zélandais sont de plus en plus conscients de l’impact de la colonisation dans leur pays.
En cette période de Carême et de réflexion sur les 80 ans de dialogue et d’action non violents menés par les membres de Pax Christi dans le monde entier, réfléchissons à la manière dont nous (Pax Christi) nous situons dans nos relations de dialogue et d’écoute avec les peuples indigènes. Avons-nous activement choisi de comprendre et d’écouter les souffrances que les peuples indigènes ont subies de la part des colonisateurs ? Pouvons-nous trouver des moyens de nous connecter et de construire des relations de confiance, de respect et d’écoute ?
Une réflexion proposée par Pax Christi International