Déclaration de la Commission Non Violence, à l’occasion du 77ème anniversaire d’Hiroshima
Texte lu par Jean-Pierre Rougeot à Valduc le 6 août 2022
Chrétiens du mouvement Pax Christi, nous avons rejoint dès le début, en 1964, les opposants à la dissuasion nucléaire, en particulier Jean-Marie Muller et le MAN.
Pour nous chrétiens le combat était double: d’abord convaincre notre Église que l’horreur nucléaire, même en cas de légitime défense, était incompatible avec l’esprit de l’Evangile; ensuite convaincre l’Église de France de prendre position contre la dissuasion française.
Le premier combat, que nous avons mené avec d’autres, a finalement abouti à une condamnation absolue de l’arme nucléaire. A la suite de nombreuses prises de position de plus en plus exigeantes, le 10 novembre 2017, le Vatican dénonce le paradoxe entre le coût élevé des armes nucléaires et l’incapacité à éradiquer la pauvreté dans le monde . Et la même année, le Saint-Siège anime aux Nations Unies une assemblée sur l’interdiction des armes nucléaires et signe le traité d’interdiction des armes nucléaires. Il déclare illégales leur fabrication ainsi que leur possession .
C’est la position officielle du Vatican, mais ce n’est pas celle de tous les chrétiens et ce n’est pas celle de toutes les églises nationales. Ce qui justifie le second combat de Pax Christi France, encouragé jusqu’à son dernier souffle par notre ami Jean Marie.
Le 11 mars 2010, l’évêque Président de Pax Christi, Marc Stenger, adresse une lettre à Nicolas Sarkozy pour lui demander de :
- soutenir le projet de Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN)
- de déclarer un moratoire sur les recherches des nouvelles armes atomiques
- d’inviter à un débat public pour préparer la France à une défense sans armes nucléaires.
C’est la position de Pax Christi, ce n’est pas encore, la position de la Conférence des évêques de France. Alors le combat continue avec aujourd’hui une conviction de plus en plus forte : en plus de l’horreur d’un conflit atomique, dans un monde en proie au dérèglement climatique, à la pauvreté et à la famine, le perfectionnement coûteux des armes nucléaires est un gaspillage insoutenable.
Nous gardons l’espérance qu’un autre monde est possible ; Il ne se construit pas en entretenant et en perfectionnant les armes de destruction mais en développant la solidarité nationale et internationale indispensable à notre sur vie sur terre.
La guerre en Ukraine nous rappelle très brutalement et très concrètement que la violence et la menace nucléaire mettent en danger de mort l’ensemble du monde alors que paradoxalement elle pourrait stimuler toutes les forces de paix, en mettant en lumière l’efficacité des résistances non-violentes et l’urgence d’un désarmement nucléaire.
Nous sommes solidaires de tous les appels au gouvernement de notre pays, pour qu’il signe le TIAN.
Nous sommes fiers d’être ici à Valduc avec vous toutes et tous !