Fais paraître ton Jour

Cette année, à nouveau, la prière pour la paix du mois de février, à la basilique Saint Bonaventure de Lyon, était confiée à la délégation lyonnaise de Pax Christi. Ce rendez-vous de prière est confié chaque mois à un mouvement associatif différent. Les membres de la délégation se sont donc retrouvés le lundi 3 février 2025 dernier pour partager l’actualité de la violence dans le monde et en France, pour prier pour qu’advienne la paix mais aussi pour avancer sur les chemins de conversion sur lesquels nous sommes chacun appelés. Parce que la paix, c’est dans les cœurs qu’elle doit advenir en premier lieu.
Actualité de la violence

J’ai mal à mon humanité. L’homme va mal, l’homme est mal. Entendons le cri de l’actualité qui dénonce la violence. Prions avec ceux qui souffrent ici et dans le monde avec le psaume 16 : Seigneur, écoute la justice !

J’ai mal à mon humanité. L’homme va mal, l’homme est mal. Entendons aussi les paroles de ceux qui ont été ou sont auteurs de violence et qui en souffrent aujourd’hui : témoignages.

« « Papa a fait l’Algérie », on disait cela quand il allait mal. « Papa a fait l’Algérie », ces mots donnaient du sens à son mutisme et suffisaient. À la maison, l’Algérie était une zone dangereuse à éviter afin de ne pas réveiller des douleurs qu’inconsciemment nous ressentions. La vie de famille s’est ainsi construite autour d’un père sous tension que nous pensions protéger de sa propre mémoire. »

« J’ai rencontré des anciens d’Algérie qui refusent de toucher la retraite du combattant qui leur est due. Ils refusent d’être dédommagés par l’État pour les deux années qu’ils lui ont sacrifiées considérant comme « dégueulasse » la guerre qu’ils ont eu à mener. C’est un remord que ces hommes expriment. Ce remord les hante : « on n’a rien dit, on a laissé faire ». Dire non à cet argent permet de faire face à cette blessure morale et de dire l’indignation et la
honte. »

« Quand je suis arrivé comme officier dans les Territoires palestiniens, j’ai découvert le fossé entre ce que je pensais savoir et ce qui se passait sur le terrain. J’ai compris que les Israéliens ne connaissaient rien de la réalité des Territoires occupés et du régime militaire israélien en Cisjordanie et à Gaza. Lors de la dernière décennie, les gouvernements ont eu recours à une forte propagande pour nuancer et cacher ce qui se passe derrière la ligne verte…Beaucoup d’Israéliens me considèrent comme un traître parce que je parle de l’occupation. À leurs yeux, le fait de critiquer Israël fait de moi un traître qui déteste son pays, alors que c’est tout l’inverse : je veux le bien d’Israël et des Palestiniens. Mais qu’on soit israélien ou étranger, critiquer Israël revient à être automatiquement traité d’antisémite. »

J’ai mal à mon humanité. L’homme va mal, l’homme est mal. Entendons aussi notre cœur qui se déshumanise, notre âme qui perd ses valeurs.

Un samedi matin, dans le TGV. Un bambin semble bien décidé à faire tourner en bourrique sa mère… et tous les passagers. La tentation est grande, dans ces moments, de rêver de lieux réservés aux adultes. Très répandus en Corée du Sud et au Japon, ces fameux espaces « no kids » se développent aux États-Unis et en Europe dans les hôtels, les restaurants, les commerces et même sur certains vols de compagnies aériennes.
Cette fragmentation des espaces répond-elle à un impératif de quiétude alors que la quête du bien-être individuel devient l’alpha et l’oméga ? Est-elle le symptôme d’une crise sociétale plus profonde interrogeant le rapport à l’enfant ? Certains voient cette tendance “no kids” comme un repli sur soi mortifère, signe d’une société qui
oublie que cette relation d’altérité perturbante permet l’ouverture, le don et l’amour.

Une demande de pardon

La deuxième session du synode des évêques pour une Église synodale, s’est ouverte par une veillée de pardon pour les péchés de l’Église. Aujourd’hui, nous nous associons à leur démarche.

Je demande pardon pour le manque de courage dans la recherche de la paix entre les peuples et les nations. Faire la paix demande du courage : dire oui à la rencontre et non à l’affrontement; oui au respect des pactes et non à la provocation; oui à la sincérité et non à la duplicité.

Je demande pardon pour ce que nous, fidèles, avons fait en transformant la création, ce jardin, en désert, en utilisant la terre à notre profit, et pour ce que nous n’avons pas fait pour l’empêcher cela.

Je demande pardon pour toutes les fois où, nous, fidèles, avons été complices ou avons directement commis des abus de conscience, des abus de pouvoir et des abus sexuels.

Je demande pardon pour toutes ces fois où la dignité des femmes ne fut pas reconnue ni défendue, où nous les avons rendues muettes et soumises, et bien souvent exploitées, en particulier dans la condition de la vie consacrée.

Je demande pardon au nom de toute l’Église, ayant honte d’avoir détourné la tête devant le sacrement des pauvres, préférant nous parer et parer l’autel de préciosités coupables qui enlèvent le pain aux affamés.

Je demande pardon, pour toutes les fois où nous n’avons pas écouté l’Esprit Saint, préférant nous écouter nous-mêmes, défendant des opinions et des idéologies qui blessent la communion de tous dans le Christ, attendue à la fin des temps par le Père.

La demande de pardon de nos frères aînés jette une lumière sur notre propre péché. Nous tournons notre regard non pas vers le passé mais vers l’avenir. Nous nous tournons vers le Christ qui est La Paix et nous rendons grâce.

Le geste du cube

Pour rentrer plus facilement dans notre démarche de conversion et de pardon mais aussi de louange, et nous encourager à l’action, nous avons utilisé des cubes en carton sur les faces desquelles sont inscrites des phrases qui nous aident à réfléchir et à partager.
Au début de la célébration, le premier cube porte des situations avec lesquelles nous nous accommodons parfois trop bien : l’injustice, la violence, le rejet de nos fautes sur les autres, le confort lorsque nous ne nous intéressons pas aux situations douloureuses où se trouvent les autres, etc.
À la fin de la célébration c’est un cube tout différent qui nous permet de nous ouvrir à des attitudes positives telles que celle de médiateur, ou de diplomate qui prépare l’après conflit ; le fait d’être prêt à recommencer sans découragement après un conflit, la fraternité qui nous permet de vivre ensemble pour grandir en humanité, etc.

Fais paraître ton Jour et le temps de ta grâce,
Fais paraître ton Jour que l’homme soit sauvé !

D’après la célébration préparée par Paul Vuillermoz, délégué Pax Christi de la province de Lyon