Cisjordanie : crime de discrimination

Dans l’Hérault, des membres de mouvements chrétiens se regroupent au sein de Kairos Hérault depuis de nombreuses années. Motivés à l’origine par le  jumelage de la ville de Montpellier avec la ville de Bethléem, scellé en 2011, ils ont souhaité rentrer dans une plus proche amitié et sont notamment partis à la rencontre de communautés chrétiennes de Palestine en 2019. Ces chrétiens de l’Hérault portent le douloureux souci de leurs frères de Terre Sainte et de la justice et de la paix pour tous les habitants de ce lieu en guerre. Ils nous exhortent à agir, notamment en saisissant les responsables de nos Eglises.
Le Groupe Kairos Hérault, à Montpellier le 18 août 2024
Mgr. Norbert Turini, Archevêque du Diocèse de Montpellier
Mr. le Pasteur Jean-François BREYNE, Président du Conseil Régional de l’Epudf-CLR

 

Nous, membres des associations du Collectif Kairos 34 regroupant des associations chrétiennes de l’Hérault,

ACAT, CCFD-Terre Solidaire, Amis de Sabeel France, Chrétiens de la Méditerranée, Cimade et Pax Christi, sommes interpellés par la position exprimée le 2 août 2024 par l’Archevêque de Canterbury, Mgr Justin Welby, lequel demandait aux Chrétiens – et donc aussi à leurs responsables communautaires – de « tenir compte (dans leurs prises de positions et prières pour la paix) de l’avis consultatif de la Cour Internationale de Justice » qui a récemment conclu que « les politiques du gouvernement Israélien dans les Territoires occupés constituent un crime de discrimination ».

Oui, ces politiques qui visent la confiscation des terres palestiniennes, l’implantation de plus en plus galopante de « colons », le passage des territoires occupés militairement en 1967 de l’administration militaire (signe d’une présence provisoire) à l’administration civile (signe d’annexion et appropriation) sont des politiques discriminatoires à l’égard des habitants historiques et légitimes que sont les Palestiniens. Elles sont surtout des politiques qui créent un « fait accompli » totalement illégal juridiquement et inacceptable moralement d’extension des confins d’Israël, en tant qu’Etat, dans des territoires dont une minorité s’empare, avec l’approbation du gouvernement de guerre et d’une minorité grandissante des partis et de la population israélienne et aussi du monde « occidental ».

Les Eglises ne sont pas parties prenantes à ce conflit désastreux mais elles peuvent élever leur voix au nom de la justice bafouée et de la violence perpétrée à l’encontre d’un peuple dont on nie aussi (comme on le fit pour Israël) le droit à l’existence en le dépossédant de sa terre et de son identité.

La discrimination contre laquelle nous vous prions de vous prononcer renvoie à une exigence de justice et de paix à l’adresse de tous les peuples qui habitent la même terre « de la mer au fleuve ». Refuser la discrimination revient à reconnaître des droits à toutes ces communautés, et pas qu’à une seule, aussi persécutée ait-elle été dans le passé et aussi menacée soit-elle aujourd’hui.

Ainsi, nous vous implorons d’interpeller la Conférence des Evêques de France et la Fédération Protestante de France afin que nos Eglises unissent leur voix pour demander à notre gouvernement de tenir compte de l’avis de la Cour Internationale de Justice.

A la suite de l’Archevêque de Canterbury, et tenant compte de la visite des pasteurs Emmanuelle SEYBOLD et Mr. ALBECKER, respectivement présidente de l’Eglise Protestante Unie de France et président de l’Union des Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine, aux autorités ecclésiastiques en Palestine, nous souhaiterions vivement que les deux Instances réunies s’engagent pour la Paix fondée sur la Justice exprimée par la CIJ. Mais aussi celle que Dieu nous demande de défendre aux côtés des opprimés pour la dignité de tout homme.