1er dimanche de l’Avent : Désarmer nos préjugés et nos peurs

« Les premiers mots prononcés par le pape Léon XIV après son élection, souhaitant la paix du Christ ressuscité aux diocésains de Rome et au monde entier, sont gravés dans les mémoires. «Une paix désarmée et désarmante», précisait-il , ajoutant «humble et persévérante». Passer de la menace à l’empathie, de la méfiance à la confiance, de la peur à l’espérance, de la force à l’humilité, de la haine à la fraternité, puis de l’armement au désarmement… tel est le message du Prince de la Paix, l’Enfant de la crèche ! Le Christ ressuscité nous invite à le concrétiser. » Mgr Philippe Ballot
Nous vous proposons tout au long de l’Avent, un parcours pour désarmer nos préjugés et nos peurs, pour désarmer la vengance et les rancœurs et enfin, désarmer notre orgueil pour être prêts à accueillir l’Enfant-Jésus et entrer dans la filiation de l’Amour. Retrouvez pour chaque dimanche la méditation d’un texte de la liturgie, une prière universelle, un chant et un jeu pour les enfants; et pour chaque semaine, un témoignage ou une méditation, une démarche spirituelle et un geste concret ainsi qu’une prière.
Le Seigneur rassemble toutes les nations dans la paix  »
1er dimanche : Désarmer nos préjugés et nos peurs, la paix est pour tous

Et si la montagne vers laquelle toutes les nations afflueront (Is 2, 1-5) n’était pas un lieu, mais un chemin ? Celui que nous traçons en désarmant nos cœurs, en reconnaissant dans l’autre – même le plus blessé, même le plus étranger – un frère à aimer. « Ils n’apprendront plus la guerre », dit Isaïe. L’Avent est le temps pour l’apprendre : pas à pas, geste après geste.

Le prophète Isaïe, dans la première lecture, nous ouvre une vision étonnante : Jérusalem, figure de l’Église du Christ, est élevée comme une montagne vers laquelle toutes les nations afflueront. Elle devient le lieu d’où jaillit la Parole de Dieu, source de paix universelle. Les épées se transforment en socs de charrue, les lances en faucilles. La guerre fait place à la moisson, à la vie partagée.

C’est l’annonce d’une paix désarmante parce que désarmée. Car la paix de Dieu n’est pas d’abord une négociation ou un équilibre des forces : elle naît d’un cœur transformé par l’écoute, la compassion et le pardon.

Pourtant, nous le savons, ce rêve est encore loin d’être réalisé. Les guerres ravagent des peuples entiers. Les bombes tombent aux portes de l’Europe. Les plus pauvres paient le prix de ces violences dans la faim et l’exil. Les lances ne sont pas encore des faucilles.

Isaïe nous le rappelle cependant : cette promesse de paix est donnée comme une semence. Elle nous est donnée, elle pousse déjà, et elle nous est donnée à faire. Venez, marchons alors à la lumière du Seigneur : c’est un impératif, pas une option.
Saint Paul, lui, nous appelle à sortir de notre sommeil : à quitter les œuvres des ténèbres pour revêtir la lumière du Christ. Par le baptême, nous pouvons avoir les mêmes sentiments que lui en revêtant notre vêtement tissé de compassion, de respect et de pardon. La vraie révolution n’est donc pas celle des armes, mais celle des cœurs qui s’ouvrent à Dieu.

Dans mon ministère d’aumônier de prison, je découvre combien cette parole est urgente. Derrière les murs, les préjugés sont tenaces. La personne détenue est souvent réduite à son crime, enfermée dans une image figée : « il est un meurtrier, il est irrécupérable ». Je vois aussi qu’ils portent leurs propres peurs ; ils se protègent derrière la violence ou l’indifférence, comme derrière une cuirasse. Leur désarmement commence quand j’ose les regarder autrement, sans jugement, en croyant qu’ils valent encore la peine d’être aimés. Alors une faille s’ouvre, et la paix peut germer.

Désarmer les peurs, c’est cela : combattre nos préjugés, refuser les catégories qui séparent les bons et les mauvais, les dignes et les indignes. Car la paix de Dieu est pour tous. Quand je rencontre un prisonnier, en priant pour ses victimes, je découvre un frère blessé, et je suis invité à déposer mes propres armes intérieures : mes jugements, mes méfiances, mes colères. C’est désarmant, au sens fort : cela m’appauvrit, mais cela m’ouvre à une paix plus grande.

Voilà la paix dont parle Isaïe. Elle ne vient pas des puissants, mais de ceux qui acceptent de marcher humblement à la lumière du Seigneur. Elle se réalise chaque fois que nous choisissons de tendre la main plutôt que de dresser un mur, chaque fois que nous faisons confiance plutôt que de soupçonner, chaque fois que nous donnons la priorité à la vie plutôt qu’à la compétition.

En ce premier dimanche de l’Avent, l’Église ne nous parle pas encore de Bethléem, mais d’attente et de veille. Le Seigneur viendra. Pour l’accueillir, apprenons à veiller : non pas une veille inquiète, mais une veille bienveillante. En étant attentifs aux plus fragiles, aux oubliés, aux blessés de la vie.

Chaque fois que nous nous décentrons de nous-mêmes pour consacrer du temps, de l’écoute, de l’amour à un autre, nous entrons déjà dans le Jour de Dieu. La paix éternelle commence dans ces petits gestes qui désarment la peur et ouvrent un chemin de confiance.
« Venez, marchons à la lumière du Seigneur », dit Isaïe. Avançons ensemble dans cette marche. Que ce temps de l’Avent nous aide à désarmer nos cœurs, pour accueillir Celui qui vient comme Prince de la paix.
L’Avent est le temps du désir d’aimer comme Dieu. En étant bienveillant !

Frère Benoît Dubigeon, ofm
Aumônier de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis

Par la délégation de Pax Christi Angers
Marie prie avec les apôtres

Seigneur, nous ne pouvons nous résigner à la violence et aux injustices. Pour que ton Église soit ouverte à tous, comme le Pape François nous y invitait, et afin qu’elle sache promouvoir une paix désarmée et désarmante, comme son successeur Léon nous l’a proposé dès son élection. Seigneur nous te prions.

Pour que les pays les plus puissants soient décidés à garantir la paix dans le monde, et afin que ces pays montrent, dans leur politiques interieure, l’exemple de la paix civile, du souci des plus fragiles, et du respect de la démocratie. Seigneur nous te prions.

Pour que toutes les personnes en situation de précarité soient reconnues spirituellement et moralement comme source de richesse, fais-nous sortir de notre sommeil, de nos paralysies et de nos peurs. Seigneur nous te prions.

Pour notre communauté en ta maison rassemblée, afin qu’elle se tienne prête à t’accueillir, Enfant Jésus, en servant le pauvre, le faible, le déplacé, à toute heure et en étant libérés de nos préjugés. Seigneur nous te prions.

Découvrez ce chant  composé tout spécialement pour le temps de l’Avent. Chaque dimanche, vous pourrez le reprendre avec le couplet qui correspond.

Des propositions pour la première semaine de l’Avent
Le geste de paix de la semaine : SERVIR

On connait bien l’adage « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Le Seigneur est bon, qui, en plus de soigner notre intelligence et notre coeur blessé par la pédagogie du service, nous donne, de surcroît, la joie !! En cette première semaine de l’Avent, ne manquons pas l’appel à servir nos frères qui nous prépare à la fête de Noël et à la fête éternelle.

Pour aller plus loin, lire le témoignage : La diaconie, une école d’espérance.
Prière pour notre semaine :
Seigneur, désarme-moi, désarme-nous,
désarme-les !

Seigneur, désarme-les de leurs kalachnikovs, de leurs bombes, de leurs ceintures, de leur haine, de leur soif de vengeance, de leurs aigreurs et de leur ignorance.
Seigneur, désarme-nous de notre volonté de puissance, de notre sentiment de supériorité, de notre besoin de dominer, d’avoir toujours raison, de vouloir tout ramener à nous-mêmes, à nos acquis, à nos savoirs, à notre histoire.
Seigneur, désarme-moi de mon orgueil, de ma fierté, de mes excuses, du mépris, de la colère, de la rancune, de l’hypocrisie, de l’envie, de mon assurance,
de ma suffisance, de mon arrogance.
Donne-moi de me dépouiller petit à petit car, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.
Pour arriver à la Pâque, il me faut accepter d’être sans arme, nu avec le Christ sur la croix.
AMEN

Christian de Chergé Moine
assassiné à Tibherine

La paix en acte: avec l’association MISERICORDIA
à la périphérie des grandes villes

En Argentine, aux USA, en France et au Chili, l’association veut être une réponse aux exhortations du pape François à mettre en marche une véritable révolution: celle de la tendresse. Avec des actions qui s’inscrivent dans le long terme, elle veut permettre à chacun de construire un monde plus juste et moins froid.

Misericordia développe des projets sociaux et pastoraux liés à l’éducation et à la santé que vous pouvez soutenir ou rejoindre. Elle propose de partir en mission, de vivre en colocation, d’aider ponctuellement ou de rejoindre un cénacle (petite fraternité de prière). Renseignements sur le site de Misericordia.

Retrouvez l’intégralité du parcours de l’Avent 2025, en commandant le Journal de la paix, ou en nous écrivant pour recevoir la version PDF : accueil@paxchristi.cef.fr