L’EDITO
Par Mgr Philippe BALLOT
Président de Pax Christi France
Archevêque, évêque de Metz
Les premiers mots prononcés par le pape Léon XIV après son élection, souhaitant la paix du Christ ressuscité aux diocésains de Rome et au monde entier, sont gravés dans les mémoires. « Une paix désarmée et désarmante », précisait-il , ajoutant « humble et persévérante ».
Alors qu’on assiste à un réarmement généralisé, le pape irait-il à contre-courant ? Serait-il dans les nuages comme l’on dit ? Dans l’illusion ? Ou au contraire serait-il très réaliste ? En effet, plus on construit des armes plus on est tenté de les utiliser. Plus on finit par les utiliser.
Or la paix n’est pas simplement l’absence de guerre, elle ne se construit pas sur la menace, sur les calculs, sur des conquêtes, elle est le fruit de la justice et bien plus encore de l’amour. « La paix terrestre qui naît de l’amour du prochain est elle-même image et effet de la paix du Christ qui vient de Dieu le Père. Car le Fils incarné en personne, prince de la paix, a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa croix, rétablissant l’unité de tous en un seul peuple et un seul corps. Il a tué la haine dans sa propre chair et, après le triomphe de sa résurrection, il a répandu l’Esprit de charité dans le cœur des hommes. » (GS 78). En cela, elle est désarmante.
Passer de la menace à l’empathie, de la méfiance à la confiance, de la peur à l’espérance, de la force à l’humilité, de la haine à la fraternité, puis de l’armement au désarmement… tel est le message du Prince de la Paix, l’Enfant de la crèche ! Le Christ ressuscité nous invite à le concrétiser.
C’est ensemble que nous pouvons parcourir le chemin qui nous conduit à une telle Paix. Ce temps de l’Avent nous y invite : désarmer ses peurs et combattre ses préjugés, rendre justice et désarmer la vengeance, se munir de patience envers son prochain et désarmer ses rancœurs, désarmer notre orgueil, car Dieu est le seul maître, afin d’entrer dans la filiation de l’Amour, en accueillant chaque jour le Dieu humble, présent dans l’Enfant de la crèche. Cette filiation de l’Amour désarme toutes les haines.
+ Mgr Philippe Ballot










