120 000 jeunes, pour la paix et la réconciliation

Espérance, réconciliation et paix pour le monde : tels sont les piliers du message adressé aux 120 000 jeunes venus du monde entier, y compris de zones de guerre, pour le Jubilé des jeunes à Rome, du 29 juillet au 3 août 2025.

Le pape Léon a introduit ce Jubilé lors de la messe d’ouverture par ces mots : « Jésus nous dit : ‘Vous êtes le sel de la terre […]. Vous êtes la lumière du monde !’ (Mt 5, 13-14). Aujourd’hui, vos voix, votre enthousiasme, vos cris — tous pour Jésus-Christ — seront entendus jusqu’aux confins du monde. »

« Aujourd’hui commence une nouvelle étape, un chemin : le Jubilé de l’espérance. Le monde a besoin de messages d’espérance, et vous êtes ce message. Continuez à donner de l’espérance à tous. Nous espérons que vous serez toujours des signes d’espérance dans le monde ! »

« Aujourd’hui, nous commençons. Au cours des prochains jours, vous aurez l’occasion d’être une force capable d’apporter la grâce de Dieu, un message d’espérance, une lumière à la ville de Rome, à l’Italie et au monde entier. Marchons ensemble avec notre foi en Jésus-Christ. »

« Et notre cri doit aussi être en faveur de la paix dans le monde. Disons tous : ‘Nous voulons la paix dans le monde !’ Prions pour la paix. Soyons témoins de la paix de Jésus-Christ, de la réconciliation, cette lumière du monde que nous recherchons tous. »

De nombreux services diocésains et mouvements de jeunesse ont accompagné des groupes durant cette semaine jubilaire. Retour sur le témoignage d’une responsable du pôle jeunesse du diocèse de Langres, Aurore Maire, qui a vécu avec les jeunes une semaine rythmée par des marches, des prières, des rencontres et des enseignements.

Un témoignage marquant : la patience comme chemin de paix

« Ce pèlerinage n’a pas été un long fleuve tranquille. Sous la chaleur écrasante de l’été romain, les kilomètres parcourus et les attentes prolongées pour franchir les Portes Saintes ou accéder aux célébrations ont mis les corps et les nerfs à rude épreuve. Mais c’est justement dans ces situations que l’expérience spirituelle prend tout son sens : la fatigue, la foule et les petites contrariétés deviennent une école de vie intérieure.

C’est dans ce contexte que j’ai donné un enseignement sur la colère et la patience, deux réalités profondément humaines qui touchent chacun. J’ai rappelé que la colère, si elle n’est pas maîtrisée, se transforme en poison : ‘La colère nous fait croire que nous avons raison, mais en réalité, elle nous rend esclaves de notre blessure.’ Ces mots ont trouvé un écho immédiat auprès des jeunes pèlerins.

 À l’inverse, j’ai souligné que la patience est une force, loin de la passivité. Elle est un courage spirituel qui permet de rester centré sur l’essentiel : l’amour et la paix. Comme l’écrit le père Pascal Ide : ‘La patience est suspendue à la finalité : elle est habitée par l’amour.’ Dans la Bible, la patience est comptée parmi les fruits de l’Esprit. Saint Paul encourage : ‘Soyez joyeux dans l’espérance, patients dans la détresse, persévérants dans la prière’ (Rm 12, 12).

Le Christ en est le modèle. Trahi, frappé, Il a répondu non par la colère, mais par le pardon et l’intercession : ‘Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font’ (Lc 23, 34). Jésus manifeste ainsi la force d’un cœur habité par un amour plus grand que la violence subie.

De manière concrète, j’ai proposé aux jeunes trois clés pour transformer leurs moments d’impatience en occasions de croissance : respirer avant d’agir, offrir son attente comme une prière, et se tourner vers le regard paisible du Christ. Ces attitudes permettent de transformer une file d’attente ou un moment de tension en chemin vers une plus grande liberté intérieure. »

Une lecture proposée par Aurore Maire pour aller plus loin

Des moments de grâce

« Les jeunes ont vécu des moments de grâce forts : le passage des Portes Saintes, la célébration du sacrement de réconciliation, les temps de prière communautaire et la joie de fraterniser avec des milliers d’autres jeunes venus du monde entier. Ces moments les ont aidés à déposer leur colère et leurs fardeaux pour entrer dans une vie renouvelée.

À travers ce Jubilé, chacun a pu expérimenter que ‘grandir avec Dieu’, ce n’est pas seulement accumuler des connaissances religieuses, mais apprendre à laisser l’Esprit transformer les réactions du quotidien. La patience devient alors un fruit concret de cette croissance spirituelle : elle construit la paix, ouvre à l’autre et rend possible une vie enracinée dans l’amour.

Au retour de Rome, les visages fatigués mais rayonnants des jeunes témoignaient de cette transformation intérieure. Le pèlerinage fut exigeant, mais il a porté du fruit : celui d’une foi plus solide, d’une joie partagée et d’un désir renouvelé de semer la paix dans leur entourage.

Leur expérience rappelle que c’est dans l’ordinaire de nos vies, au cœur même des contrariétés et des impatiences, que Dieu nous fait grandir et nous rend capables de porter du fruit.

Un témoignage publié dans le Journal du diocèse de Langres Eglise catholique en Haute-Marne, n°05 septembre 2025.