À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de son ordination épiscopale Mgr. Marc Stenger, évêque émérite de Troyes et co-président de Pax Christi International, célébrerait le 8 septembre 2024 une messe d’action de grâce à l’église St Bernard de Strasbourg, où il réside. Il revient sur sa mission et ses rencontres dans l’homélie qu’il promonça.
25 ans d’épiscopat signifient une série de rencontres, d’événements, de choix, d’engagements qui ont marqué mon ministère d’évêque, qui m’ont construit, qui m’ont changé. Je me rappelle comme si c’était hier, que lorsque le nonce, envoyé du pape, m’a annoncé que le pape Jean-Paul II me nommait évêque de Troyes, de nombreuses objections se sont faits jour dans mon esprit. Le nonce m’a rappelé que le ministère épiscopal était un service et un service des pauvres, du monde pauvre d’amour, de justice et de paix. J’avoue que ce rappel m’a aidé à dire oui, et donné une orientation à ces 25 ans. Je suis heureux de saluer tous ceux qui ont croisé ma route au cours de ces 25 ans. Si le Christ et l’Evangile m’ont construit, vous m’avez construit aussi et je vous en suis reconnaissant.
Quand je suis arrivé à Strasbourg il y a trois ans, j’ai été accueilli fraternellement par cette communauté paroissiale de S. Maurice/ S. Bernard ainsi que par la communauté Foi et Lumière dont je salue chaleureusement les membres présents. Je suis heureux de rendre grâce avec vous tous. Si j’ai souhaité venir à Strasbourg au moment de quitter le diocèse de Troyes c’est pour continuer à honorer mon engagement pour la paix dans une ville dont les institutions sont symboliques et dont l’histoire est significative.
Je trouve que l’Evangile d’aujourd’hui illustre pour une part mon ministère épiscopal. Je n’aurai grâce de me prendre pour le Christ. Mais l’Evangile raconte que Jésus se déplace en territoire païen. Il traverse la frontière pour rejoindre ceux qui n’ont jamais entendu le message du salut. Moi- même j’étais réputé pour beaucoup voyager. Mes frères évêques m’appelaient l’évêque des aéroports. Et j’ai conscience que dans ceux que je rencontrais il y avait des hommes qui attendaient un message de salut, un message d’amour, d’espérance et de paix.
Jésus traverse la Décapole. Là où on lui présente un homme dont le problème concerne les croyants autant que les non croyants : il est sourd et n’arrive pas à s’exprimer. Jésus mobilise la puissance de son amour, symbolisé par l’imposition des mains, pour le guérir de sa surdité, mais aussi de son incapacité à écouter Dieu et à communiquer avec autrui. Il nous arrive aussi d’être sourds, incapables d’écouter certaines personnes, en famille, en communauté ou en société. Nous fermons notre cœur à ceux qui ont d’autres idées que les nôtres ou qui viennent d’ailleurs. Et nous ne trouvons plus aucune parole libératrice ou bienfaisante à leur dire, nous sommes devenus muets.
A chaque Eucharistie, le Seigneur rejoint le corps que nous formons. Sa présence nous guérit de nos divisions pour que nous marchions à sa suite. Comme par ses gestes et sa parole, Ephata, il a su restaurer le sourd-muet, il vient aussi réparer notre communauté de ses divisions, de ses discriminations, de ses enfermements. J’ai découvert à quel point, mes frères évêques ne me contrediront point, le ministère d’évêque est d’écouter l’autre, tous les autres. Ma devise qui m’a motivé tout au long de ces années c’est : tout à tous. Sans quoi il nous est difficile d’écouter Dieu et d’être une Eglise missionnaire, capable d’ouvrir les lèvres de tous à Dieu.
Mgr Marc Stenger