Juillet 2024, menaces et pressions n’en finissent pas
Daoud nous a alertés de la nouvelle manœuvre du tribunal israëlien pour que la famille Nassar ne puisse pas faire valoir ses droits sur la terre de ses ancêtres.
Vous pouvez consulter ici son appel au secours : https://tentofnations.com/
Mais surtout, manifester votre soutien par votre prière, un message ou un don : https://tentofnations.com/de/unterstuetzung/
Au Sud-Ouest de Bethléem, une famille palestinienne chrétienne a choisi la résistance pacifique pour tenter de conserver ses terres menacées de confiscation par Israël. A travers le projet Tent of Nations, la ferme de la famille Nassar est devenue un lieu de rencontre et d’échange autour de la paix et la non-violence.
« Je m’appelle Daoud, ça veut dire David en arabe », déclare d’emblée Daoud Nassar. Dans sa bouche, cette précision n’a rien d’anecdotique : ce Palestinien-Chrétien, installé au Sud-Ouest de Bethléem, n’a de cesse de jeter des ponts entre les peuples et les cultures. Ses terres où poussent arbres fruitiers, vigne, oliviers et amandiers appartiennent à sa famille depuis 1920 mais, depuis trente ans, celle-ci se voit contrainte de mener un combat pour les conserver. L’exploitation de la famille Nassar a été déclarée « terres d’État » par Israël en 1991. « Israël veut confisquer nos terres. Nous sommes au milieu des colonies israéliennes, il y a sans cesse de nouvelles constructions », détaille-t-il. La famille palestinienne a
alors décidé de se tourner vers la justice pour faire valoir son droit à rester sur cette terre acquise par ses ancêtres, titre de propriété à l’appui. « C’est une longue bataille judiciaire, et nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, mais nous n’abandonnerons pas », assure le cinquantenaire. Pourtant, la pression est forte. La ferme fait régulièrement l’objet d’attaques de la part des colons. « Ils coupent nos arbres et nous menacent : chaque fois nous réparons les dégâts et nous replantons des arbres, mais ça fait beaucoup de pertes », regrette Daoud.
Le choix de la non-violence
Malgré ce contexte de brutalité, le cultivateur et sa famille ont décidé de s’en tenir au choix fait par le père de Daoud : celui de la non-violence. « Face à une telle situation, soit on pleure, soit on part. Mais nous devons rester ici comme témoins. Les personnes qui partent sont les plus diplômées, et beaucoup d’entre elles sont chrétiennes », poursuit-il. Il a donc fallu trouver une
solution alternative. Elle s’est concrétisée en 2001 avec la création de Tent of Nations, un projet de résistance pacifique basé sur quatre principes : refuser d’être victime; ainsi agir au lieu de réagir ; refuser la haine ; fonder toute action sur la foi chrétienne et la conviction que les hommes sont tous frères; croire en la justice. C’est ainsi que l’exploitation de la famille Nassar est devenue une ferme éducative et écologique où des milliers de visiteurs font halte chaque année. Tent of nations repose sur l’idée que la paix ne peut advenir que par le dialogue et la rencontre, et que des lieux dédiés sont nécessaires à ces interactions. Qu’ils soient volontaires internationaux, artisans de paix ou touristes de passage, tous les visiteurs sont accueillis par Daoud et sa famille pour échanger autour des manières de faire la paix. «Les gens viennent visiter les lieux saints, mais la Terre Sainte ce n’est pas que des vieilles pierres, c’est aussi des pierres vivantes ! Nous souhaitons que les gens nous rencontrent, écoutent notre histoire et parlent de nous de retour chez eux. » Les volontaires internationaux apportent leur aide sur l’exploitation, notamment en continuant à planter des arbres et en cultivant la terre. « Nous croyons au futur et nous sommes persuadés que la paix viendra de la terre », assure Daoud. Cette présence internationale est devenue un gage de sécurité : aucune attaque n’a eu lieu en présence de volontaires.
Plus de 5000 personnes ont été accueillies à la ferme entre mars et novembre 2022
Un message d’espoir
Tent of Nations est aussi et, avant tout, un message envoyé au peuple palestinien : « on veut apporter de l’espoir aux gens et leur dire qu’il est possible de se lever et de faire quelque chose de constructif ». Chaque été, des enfants palestiniens des camps de réfugiés sont accueillis à la ferme pour partager des moments de détente et découvrir le principe de la non-violence. « Ces enfants sont traumatisés, et nous voulons leur faire comprendre qu’ils peuvent choisir leur futur », insiste Daoud. Des ateliers sont également proposés aux femmes de Nahalin, le village voisin de la ferme. Ces femmes y apprennent à la fois l’anglais et l’informatique pour pouvoir réaliser leurs propres projets mais également transmettre ces enseignements à leurs enfants et à leurs proches.
Derrière le mur
Toutes ces actions, et plus globalement la survie de la ferme, sont menacées par le mur de séparation érigé par Israël. Une fois la construction du mur achevée, la ferme sera isolée en territoire israélien. « Nous allons avoir besoin d’aide pour devenir complètement autosuffisant, nous avons besoin que des gens viennent ici avec des idées et des savoir-faire », poursuit Daoud. La ferme est déjà équipée de panneaux solaires, mais ce n’est pas suffisant pour parvenir à l’autonomie énergétique. La famille Nassar envisage donc de produire
du biogaz. La question de l’accès à l’eau est également un problème de taille. Pour l’heure, les terres sont irriguées grâce à l’eau de pluie collectée, mais l’approvisionnement en eau potable est un des gros enjeux de la survie de la ferme. «Nous avons aussi de plus en plus de mal à accéder au moulin à huile qui se trouve à Bethléem et avec le mur ce sera impossible, il va falloir qu’on pense à construire notre propre moulin pour produire l’huile d’olive ». Ce sont autant de chantiers pour lesquels Daoud et sa famille ont besoin d’une aide matérielle, mais pas uniquement. «Nous croyons en la force de la prière, nous avons besoin de soutien spirituel, conclut Daoud, nous avons besoin que les gens prient pour nous » .
Daoud et sa mère sur le terrain familial