Franz Stock est aujourd’hui encore un pont entre l’Allemagne et la France. Il suffit de voir l’activité de l’association franco-allemande des Amis de Franz Stock, qui continue de perpétuer la mémoire de ce prêtre allemand, ami de la France dès sa jeunesse, à une époque où les deux peuples se haïssaient. Une perpétuation vivante, avec des propositions de visites, d’études et de conférences, destinées à inspirer les nouvelles générations. Les Amis de Franz Stock et Pax Christi ont toujours été proches, partageant la promotion de la réconciliation entre les deux peuples. Cette rencontre entre des amis de la paix en est une belle illustration.
Un groupe de quinze membres de Pax Christi Allemagne, issus du diocèse de Paderborn, a effectué du 13 au 18 octobre 2025 un pèlerinage commémoratif de Paris à Chartres, sur les pas de l’abbé Franz Stock, originaire de leur diocèse. Cela a été l’occasion de visiter avec eux le mémorial national du Mont-Valérien et de les inviter à déjeuner au couvent franciscain, où réside notre aumônier, le frère Vlatko Maric. Nous leur avons ensuite présenté Pax Christi France. Bérengère Savelieff, chargée de l’éducation à la paix, a évoqué avec eux les enjeux de cette éducation et les actions qu’elle mène en France et à l’UNESCO. Pour beaucoup, ce fut une première rencontre avec Pax Christi France qui s’est poursuivie par une autre rencontre à Chartres, avec l’évêque du lieu, Mgr Christory qui a reçu le petit groupe avec beaucoup de bienveillance.
Lors de la visite du Mont-Valérien, le groupe a été accompagné par le frère Vlatko et Renate, épouse de Jean-Pierre Guerend, aujourd’hui décédé. Tous deux ont été de grands fidèles et soutiens du Mouvement. Formé par la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) à Rouen, Jean-Pierre rejoint Pax Christi en 1960 grâce à ses centres de rencontres internationales. Il en devient responsable jeunes de 1961 à 1965, époque où il rencontre Renate, jeune médecin allemande, qui deviendra sa femme. Avec le père Bernard Lalande , dont il devient un proche collaborateur, il œuvre à la rédaction d’un commentaire de l’encyclique Pacem in terris. Après sa carrière dans un organisme social du bâtiment, de retour à Paris pour sa retraite, il est chargé par Pax Christi des relations avec les autres mouvements. Avec Michel Rougé, ils font connaître la pensée et la théologie de la paix du père Lalande à travers de nombreuses publications. Les dernières années de sa vie sont consacrées à des conférences, des colloques et à la publication du Journal de guerre de Franz Stock, que Renate a offert en allemand à chacun des membres du groupe.
Franz Stock a marqué l’histoire du Mont-Valérien, principal lieu d’exécution en France où 1 003 résistants, otages ou Juifs ont été fusillés par la Gestapo. Chargé des soins aux prisonniers français dans les prisons de la Wehrmacht, il se rendait présent auprès de chacun, autant qu’il le pouvait, au point d’être surnommé l’« archange des prisons ».
Retrouvez aussi L’abbé Franz Stock, Précusseur de la Réconciliation Franco-Allemande et de l’Unité de l’Europe, un ouvrage de Jean-Pierre Guerend à commander sur notre site.
Quelques éléments biographiques de Franz Stock :
- Né en 1904 à Neheim dans le Sauerland
- 1926 études de théologie à Paderborn, 1928/29 trois semestres à l’Institut Catholique de Paris
- 1932 Ordination sacerdotale à Paderborn
- 1934 Nommé recteur de la communauté germanophone de Paris
- 1939 Retour très court en Allemagne en raison du déclenchement de la guerre
- 1940 Nommé aumônier des Allemands dans Paris occupé, aumônier des soldats et chargé des soins aux prisonniers et otages français dans les prisons de la Wehrmacht.
- 1944 Prisonnier de guerre après la fin de l’occupation
- 1945 Directeur du « séminaire des barbelés » du Coudray près de Chartres, où les prisonniers de guerre allemands pouvaient poursuivre leur formation vers la prêtrise.
- 1947 Retour à Paris en attendant sa libération
- 1948 Franz Stock décède le 24 février à Paris, une crise cardiaque à 44 ans.
- 1963 Transfert des restes mortels de Franz Stock à Chartres d’abord inhumé dans le cimetière de Thiais, à 15 km au sud de Paris.
Cette rencontre fut très chaleureuse, voire émouvante pour certains membres du groupe. Stéphanie, profitant de ce voyage, s’est rendue à Lyon avec son époux pour retrouver Paul Vuillermoz, qui fut son aumônier lorsqu’elle était étudiante en France. Le couple a participé à une réunion de l’équipe de Pax Christi Lyon et a partagé avec eux toutes les émotions vécues pendant ce pèlerinage, notamment à Paris.
Ces échanges, comme ceux organisés au long de l’année 2025 pour marquer les 80 ans de la fin de la guerre et de Pax Christi, rappellent que la réconciliation est un travail de mémoire et de dialogue à renouveler sans cesse. En accueillant des délégations allemandes et en se rendant en Allemagne, Pax Christi montre que l’amitié entre les peuples se construit aussi par des gestes concrets et des rencontres humaines.
