Deux conférences nous ont mobilisés qui portent toutes deux la question de la résistance à la guerre aujourd’hui ; l’une concernant l’actualité de la guerre en Ukraine et de l’engagement patriotique des Ukrainiens et la seconde avec l’ambition de préparer des alternatives collectives non-violentes aux guerres contemporaines.
La société ukrainienne face à la guerre
Le 15 octobre dernier, à l’École normale Supérieure de Paris, dans le cadre des rencontres des mardis du « Grand Continent », s’est tenue une table ronde sur le thème « la société ukrainienne face à la guerre ». Cinq intervenants qui ont en commun de connaître la société ukrainienne de l’intérieur, nous ont permis d’en voir la tension dramatique profonde en cette troisième année d’invasion de l’Ukraine par la Russie. Arkoucha Bogdan nous en livre le récit dont vous pouvez retrouver l’intégralité en pdf.
Ce texte décrit la résilience et la détermination de la société ukrainienne face à la guerre, malgré la fatigue et les défis internes. Selon Anastasiya Shapochkina, cette résistance bouleverse les concepts habituels de mobilisation sociétale. La société ukrainienne est une société en guerre qui s’est adaptée progressivement aux contraintes d’un conflit prolongé, mobilisant ressources civiles et militaires, malgré des tensions qui émergent sur la mobilisation.
L’Ukraine, où l’individualisme s’est fortement ancré depuis la chute de l’Union soviétique, n’échappe pas au débat entre la liberté personnelle et la mobilisation collective. L’élan patriotique initial faiblit, tandis que le besoin de soutenir l’effort de guerre persiste, bien que de plus en plus contesté, notamment à cause des nouvelles lois sur le recrutement perçues comme injustes. Pourtant des initiatives de recrutement adaptées aux compétences individuelles sont mises en place pour mieux intégrer les civils. Parallèlement, l’économie se militarise avec des réformes et de nouveaux projets de défense, et de nombreux civils, à travers des ONG, soutiennent directement l’effort militaire, montrant la solidarité populaire au-delà des inégalités entre classes sociales dans l’engagement bénévole.
L’auteur, en citant Constantin Sigov, souligne que la résistance ukrainienne invite l’Occident à questionner sa propre société et sa capacité à réagir face aux crises globales, tout en rappelant la nécessaire solidarité avec l’Ukraine. Cette résistance ukrainienne résonne avec des valeurs européennes plus larges, portant un choix pour la vie et l’espoir partagé.
Préparer des alternatives collectives non violentes
« L’épée doit-elle tuer éternellement ? Ne réalisez-vous pas que cela finira mal ? (2 Samuel 2:26) »
Chaque année, Church and Peace, le « Think tank » œcuménique pour la paix, organise une conférence européenne pour permettre aux acteurs de paix d’échanger leurs expériences, d’apprendre les uns des autres et de prier ensemble. Cette année 2024, elle fût organisée du 24 au 27 octobre et portait sur le sujet fondamental de Church and Peace : « Comment pouvons-nous faire face à la militarisation actuelle et à la volonté de faire la guerre en tant que chrétiens et communautés chrétiennes ? » Quels outils pouvons-nous utiliser, quels nouveaux outils ont été développés et testés et que pratiquent les artisans de la paix dans leurs contextes de guerre et de conflit ? Quel rôle notre foi peut-elle jouer à cet égard ?
Vous pouvez retrouver l’ensemble des conférences sur le site de Church and Peace.
Avec notamment un communiqué de presse sur la résistance non violente – repenser la sécurité et un appel à garantir la protection et l’asile aux objecteurs de conscience.
Church and Peace demande une mobilisation particulière pour peser sur le parlement européen afin qu’il ne privilégie pas la compétitivité et la sécurité au détriment de la réconciliation et de la paix. Retrouvez l’Appel aux parlementaires européen.ne.s – Saisir l’opportunité des auditions au Parlement européen du 4 au 12 novembre 2024 pour réorienter les priorités.