La guerre n’est sans doute pas la seule solution
Nous sommes chrétiens engagés sur la voie de la Non-violence active, porteurs d’espérance et nous osons modestement mais fermement proposer des pistes qui s’écartent des ornières habituelles de l’affrontement en rappelant que la paix est œuvre évangélique qui requiert des efforts soutenus et courageux dans le concret de la vie quotidienne de chacun.
Reconnaître que l’Ukraine a le droit de se défendre et que ses alliés ont le droit de l’aider à le faire nous semble une évidence. Le Père Bernard Lalande, grand inspirateur de Pax Christi International, a toujours mis en garde de son vivant contre la tentation dite « pacifiste » qui conduirait à ce qu’il qualifiait de « non-assistance à personnes, races ou peuples en danger ».
La résistance, oui, mais l’enlisement de la violence et l’oubli de la paix, non ! Faut- il accepter comme une fatalité les bombardements, les morts, les déplacements de populations, le risque d’un désastre nucléaire, la désorganisation des échanges internationaux générant un avenir sombre pour l’ensemble de l’humanité ? Faut-il assister sans réagir à l’intensification des frappes contre les civils ukrainiens, l’exode des Russes fuyant la mobilisation, le désarroi des nations voisines appelées à un nouvel effort de solidarité ?
Le mouvement Pax Christi ne peut se satisfaire de cet horizon de souffrances. Il rappelle que la Non-violence, n’est pas résignation et qu’elle demande beaucoup plus d’imagination active que la violence. Son espérance se fonde sur sa foi en un Christ mort et ressuscité. Si les événements actuels sont le supplice de la Croix, ils ne sont cependant pas la fin de l’Histoire (Paul VI).
Nous croyons qu’un jour viendra où les hommes et les femmes d’Ukraine, de Russie et de tous les peuples d’Europe décideront de s’unir pour lutter contre les seuls ennemis communs : dictature, désinformation, propagande de tous bords, qui font subir aux populations concernées l’injustice sous toutes ses formes, la violation des droits humains, la faim, le froid, la catastrophe écologique, la raréfaction des ressources. « Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes ». (Ep 6,12)
Agissons pour qu’advienne, après les combats meurtriers, la réconciliation qui découle d’une solidarité active auprès de ceux qui ont tout perdu, du partage du destin de ceux qui se battent pour des valeurs communes d’humanité, conditions indispensables à la vie de tous.
Nous appelons de nos vœux l’arrêt des combats et l’ouverture de négociation de paix. Pourtant, si nous nous efforçons d’extirper toute haine de notre cœur et de considérer tout prochain comme un interlocuteur potentiel, nous sommes conscients de la difficulté de reconnaître une quelconque légitimité à négocier la paix à celui qui a déclenché la guerre.
Car il n’y aura pas de paix sans justice et vérité, et cette guerre fondée sur le mensonge a pour but une immense injustice : la destruction d’un État et la soumission de tout un peuple !
Nous pensons que des moyens non-violents existent et doivent être utilisés pour faire naître une culture de la paix et du droit là où règnent aujourd’hui le mensonge et la haine.
Il est du devoir de chacun de nous d’entrer en contact et d’aider les défenseurs des droits de l’homme et des libertés en Russie, en Biélorussie et en Ukraine, d’honorer le travail de tous les artisans de paix, de leur offrir refuge et protection lorsqu’ils sont obligés de fuir leur pays, de relayer leurs actions. Ces actes sont autant de gestes de solidarité et d’initiatives politiques qui relèvent de cette culture non-violente de la paix.
– Continuer à s’informer sur l’évolution de la guerre en recherchant activement la vérité afin d’être en mesure de déconstruire toute propagande et de lutter contre toute désinformation.
– Soutenir et participer, chacun à son niveau, à l’accueil et à l’orientation de toutes les personnes réfugiées sur le sol français.
– Affirmer haut et fort que, face au risque très élevé de catastrophe nucléaire et au nom du droit à la vie, la voie de la paix passe également par un appel à signer le Traité d’Interdiction de l’arme nucléaire (TIAN) par les États détenteurs des armes atomiques ainsi que par une tentative de désarmement nucléaire bilatéral.
– Inciter sans relâche les chrétiens de France, d’Ukraine et de Russie à prier pour la conversion des cœurs, le refus de la haine et l’avènement de la paix, comme l’avait proposé Marthe Dortel-Claudot, fondatrice de Pax Christi, dès avant la fin de la Seconde guerre mondiale à l’encontre des chrétiens allemands.