Le procureur de la Cour pénale internationale (PCI) a demandé à la Cour d’émettre des mandats d’arrêt à l’encontre des principaux dirigeants du Hamas ainsi qu’à l’encontre du Premier ministre d’Israël et de son ministre de la Défense. Des voix se sont élevées pour critiquer une mise en perspectives des crimes du Hamas avec les faits reprochés aux responsables d’Israël et dénoncer une symétrie de façade qui cacherait une forme d’antisémitisme.
Pax Christi rappelle son attachement à une justice internationale indépendante et impartiale et redit sa confiance en la CPI.
La justice internationale n’est pas une justice des vainqueurs contre les vaincus. Elle est notamment instituée pour faire respecter les droits reconnus aux populations civiles et sanctionner quiconque (hommes politiques, militaires, civils) se rendrait coupable, lors d’un conflit armé, de violations caractérisées du droit international applicable. Ce faisant, elle redit notamment l’importance pour toutes les parties de ne pas prendre les populations civiles en otage.
Nous sommes conscients du caractère particulier de ce conflit qui oppose une organisation dont la revendication politique comprend la destruction d’Israël par tous moyens y compris terroristes, à un Etat démocratique reconnu internationalement, qui garde le droit de se défendre de toute agression.
Toutefois, si justice n’est pas rendue aux personnes tuées, blessées ou prises en otage le 7 octobre, et si justice n’est pas rendue à la population gazaouie, qui ne peut être assimilée au Hamas, chassée de ses maisons, privée de soins et de nourriture et vivant en exil dans un territoire dont elle ne peut sortir et soumis à des destructions massives, les conditions d’une paix durable ne seront jamais réunies.
Les injustices d’aujourd’hui nourrissent les ressentiments qui aboutissent à la haine et à la poursuite incessante du conflit sur plusieurs générations, le cycle de la vengeance alimentant le vivier du terrorisme.
La justice est cette médiation nécessaire qui nomme les situations et fixe les limites que toute partie à un conflit doit respecter. Tant sur le plan étatique que sur le plan international, la justice est un signe de la vitalité démocratique dont nous devons être fiers et du respect viscéral des droits de l’homme sur lequel toute société doit se fonder.
Laissons la justice travailler sereinement et rendre ses conclusions, qui détermineront les responsabilités. C’est le respect que nous devons à toutes les victimes, au nom de la dignité humaine.