Ce 31 janvier, l’événement du jour se tenait à la Maison de la Conversation, « un lieu qui fait du lien » dans le 18ème arrondissement. Une conférence de presse était organisée par le Collectif du 4 février qui lançait son appel à la fraternité à l’occasion de la Journée internationale de la fraternité humaine. Cette journée fait écho à la signature d’un document commun, le 4 février 2019, entre le pape François et l’imam d’Al-Azhar Ahmed al Tayeb. Une occasion de révéler les résultats du 6ème baromètre du Labo de la Fraternité, enquête annuelle présentant les statistiques sur l’état du lien social en France, auquel le Collectif s’est associé cette année.
Pax Christi, en tant que membre et contributeur du Collectif du 4 février, participait à cette conférence de presse qui a réuni plus de 80 personnes dont le délégué interministériel à la jeunesse. Analyse des réponses de sondés, qui illustrent un sentiment de déclin de l’idée de fraternité .
Le sondage de l’IFOP, commandé par le Labo de la Fraternité depuis 2017 porte sur la troisième valeur de la devise républicaine, et s’est déroulée du 9 au 15 janvier 2024 auprès d’un échantillon de 1502 personnes, représentatif de la population française de 18 ans et plus.
Si les Français se considèrent comme globalement heureux et optimistes pour l’avenir, le sentiment de solitude (souvent et de temps en temps) apparaît dominant, de manière paradoxale. De surcroît la vision de diversité, qui caractérise la France, continue de se dégrader avec des affirmations négatives de plus en plus prégnantes (elle crée des conflits, elle inquiète, elle conduit à la perte de notre identité). Signes d’une fraternité qui décline ?
Pour consulter l'ensemble des résultats du sondage, vous pouvez consulter le Baromètre de la fraternité 2024
Dans ce contexte, la fraternité reste la « mal aimée » des trois valeurs républicaines, reléguée bien loin de la liberté et de l’égalité (9% des sondés la place en 1ère position contre 65% pour la liberté et 25% pour l’égalité). Cependant l’écart se resserre nettement quand on interroge à propos de la valeur qui deviendra centrale pour l’avenir faisant apparaître un réel besoin de fraternité qui se confirme dans les réponses sur son utilité (84%), la volonté d’agir en sa faveur (74%) et ses conséquences positives (pour 82% des sondés la fraternité est bonne pour la santé mentale, pour 68% elle répond a un besoin de se sentir relié).
De plus, selon les sondés, la plupart des grands acteurs de la société n’accorde pas une attention suffisante à la fraternité notamment l’école (69%) ainsi que le gouvernement (69%).
A la question sur les priorités à mettre en œuvre pour la renforcer c’est, l’éducation, dans toutes ses dimensions (paix, confiance, empathie) qui ressort largement en tête.
Pax Christi trouve ici confirmation de son intuition : l’éducation à la paix est depuis longtemps inscrite dans ses priorités, et développe des outils pédagogiques et des formations mais aussi des propositions de rencontres et d’ateliers portées par le pôle éducation à la paix.
Pour autant, nous ne pouvons nous satisfaire de ce recul de la fraternité, signe que les fractures dans notre société sont de plus en plus importantes et qu’elles conduisent no concitoyens au replis sur sois.
Face à une France où la moitié des individus estiment que le dialogue est insuffisant et que la diversité est source de conflit, il devient crucial d’encourager ces espaces de discussion ouverts et respectueux ou l’on peut découvrir l’altérité, des lieux de vie alternatifs. Parler d’un un dialogue fraternel n’est pas sous-estimer les conflits, mais c’est permettre un espace de confiance où chacun entre en relation, peut s’exprimer, éduquer, et accueil chacun pour se reconnaître membre d’une même famille humaine.
Promouvoir la fraternité exige un engagement collectif. Les institutions, la société civile, les églises et les instances religieuses, les médias, les individus et les foyers ont un rôle à jouer dans la création d’un environnement propice au dialogue. Si les Français citent l’éducation à la paix comme le principal enjeu à renforcer pour favoriser la fraternité, ils rejoignent tout naturellement l’intuition de Pax Christi et de bien d’autres ONG et associations qui en ont fait leur priorité.
Les réponses des Français nous font penser que leur fraternité et leur solidarité ne demandent qu’à s’exercer dans bien des cas, mais qu’ils ont besoin d’être rassurés et accompagnés. Ils ont besoin de sentir que, dans tous leurs lieux de vie, la paix est valorisée et qu’une certaine culture de paix existe.
Pour en savoir plus sur la Journée internationale de la Fraternité du 4 février , rendez vous sur le site du collectif du 4 février.