Ce que je retiens de ma présidence à Pax Christi, par Mgr Hubert Herbreteau

Mgr Hubert Herbreteau quitte la présidence de Pax Christi après quatre années d’exercice. Il dresse le bilan de cette expérience à la tête du Mouvement. 
Mgr Hubert Herbreteau
Président sortant de Pax Christi France

Président de Pax Christi depuis 2019 et arrivé au terme de ma responsabilité, je relis avec joie et reconnaissance mon expérience vécue au sein de ce mouvement. Pax Christi m’est vraiment très cher puisqu’il est né dans le diocèse d’Agen à la fin de la seconde guerre mondiale.

Je peux dire tout d’abord que Pax Christi a changé mon regard sur l’actualité du monde. Les événements, à l’échelle mondiale, sont tragiques : guerres interminables dans différents pays d’Afrique, guerre hybride en Ukraine, conflits interminables dans le Moyen Orient… Notre « maison commune » est en danger. Les humains n’ont jamais été aussi dépendants les uns des autres et interdépendants. Le grand défi est d’agir ensemble, à tous les niveaux (local, national et international) pour un monde de justice et de paix.

Difficile de rester un spectateur ému de l’actualité ! Devant le tragique de notre monde, l’émotion ne suffit pas. Il faut prendre le temps de se documenter, d’analyser, de vérifier des sources, de rester critique. Pax Christi m’y a aidé.

Ce regard sur les événements a modifié mes lectures, le choix de mes émissions de télévision, mais aussi ma prière. Demander à Dieu de nous aider à rétablir la paix par la supplication suppose en même temps d’agir par nos paroles. On m’a parfois sollicité pour signer, avec d’autres partenaires de Pax Christi, un texte engageant.

Mgr Herbreteau, au centre, introduit le colloque annuel de Pax Christi « déconstruire les discours de haine », en mai 2023

J’ai découvert que Pax Christi était bien dans la ligne des encycliques du Pape François, en particulier Laudato si’ et Fratelli tutti. Dans notre réflexion à Pax Christi, nous pensons que tout est lié : l’écologie intégrale, le développement, l’éducation à la paix, la non-violence. Nous affirmons aussi que le cri de la terre est aussi le cri des pauvres. Le dialogue entre des personnes ayant des opinions différentes et des sensibilités variées est une nécessité. Apprendre à écouter les arguments des autres en évitant les préjugés est à la base de toute relation vraiment humaine.

Pax Christi m’ouvre aussi sur la dimension spirituelle. C’est une conviction : la paix est d’abord don de Dieu. C’est aussi l’un des fruits de l’Esprit (cf. Ga 5). Nos moyens humains pour bâtir la paix sont pauvres, modestes, limités. Ils ne sont pas sans importance. Ils nous font coopérer à l’œuvre de salut du Christ. La paix que Jésus ressuscité offre à ses disciples, je la reçois comme un ordre de mission. J’en étais convaincu bien avant d’être président de Pax Christi, mais cette conviction s’est concrétisée. Accueillir la paix de Dieu au moment de l’eucharistie exige de s’engager à devenir messager de paix dans nos relations quotidiennes.

Œuvrer pour la paix se réalise avec le soutien d’une équipe. En arrivant à Pax Christi j’ai rencontré des gens qui ne comptent pas leur temps au service de la paix. Chaque membre de l’équipe apporte ses compétences, ses manières de voir, son expérience de vie. À travers les rencontres du Bureau, du Conseil national, de l’Assemblée générale, se développent un esprit commun, une action concertée et une véritable amitié. J’ai beaucoup reçu de ces différentes réunions, malgré parfois un manque de temps pour y participer.

Merci à Pax Christi !