Pèlerinage de la paix : plus d’un millier de pèlerins à Souvigny

Souvigny, c’est un rendez-vous annuel. Tous les premiers dimanche de mai, le pèlerinage pour la paix est organisé dans ce sanctuaire de l’Allier. Plus d’un millier de pèlerins étaient au rendez-vous cette année dans la foulée des saints abbés Mayeul et Odilon, artisans de paix.

 

Le récit de la journée par Christiane Keller, coordinatrice du service Art Culture et Foi du sanctuaire pour la paix de Souvigny

On s’est mis en route, tôt le matin, ce dimanche 7 mai, depuis quatre clochers du verdoyant bocage bourbonnais, vers Souvigny. De 4 à 17 km, selon. L’herbe est encore humide, le ciel menaçant, mais les pèlerins déterminés, toutes générations confondues, d’un bon pas ou en joëlettes. Et cette année, il y a beaucoup de jeunes : collégiens, lycéens, jeunes pro, avec ces 180 JMJistes du diocèse qui partiront avec Mgr Beaumont au Portugal. Pour aider au financement de leur voyage, ils assurent la gourmande intendance du midi : Crudi’thon et JMJambon, dessert et café très appréciés !

Et ceux qui ne marchent pas ? Un chapelet à coloration originale cette année les invite au recueillement : en cinq langues la prière devient plus universelle (portugais, anglais, polonais, italien, et allemand). Ceux qui préfèrent le silence rejoignent l’adoration dans l’oratoire…

L’âme des marches 

« Que Dieu inspire ce chemin que nous faisons ensemble, en façonnant le cœur de chacun et en nous faisant messagers de paix. » (pape François). Les 4 étapes sont ponctuées de méditations, de chants, de questions à éveiller les consciences : quel dialogue, quelle fraternité pratiquons-nous avec des personnes de confessions différentes ? Quelle part prenons-nous dans notre travail, notre commune, nos associations pour une paix effective ? En famille ? En communauté ? La frater-

-nité n’est pas une option, mais la condition sine qua non pour construire un monde de paix. Les jeunes s’ouvrent aux actions de Gandhi, Martin Luther King, Charles de Foucauld, du pape François…

« Robert Schuman, un artisan de paix »

Après le pique-nique et le petit concert du chœur de jeunes Rejoyce, Mgr Jean-Christophe Lagleize donne une conférence sur Robert Schuman. L’évêque émérite de Metz partage avec une ardente conviction le témoignage de cet homme politique déclaré récemment « vénérable » par l’Église. « A l’aube de sa vie professionnelle, il hésite entre devenir moine ou avocat. L’un de ses proches amis lui écrit : « Ton unique précaution étant de faire le bien, reste dans le monde, les saints de l’avenir seront des saints en veston ». Avocat au Barreau de Metz, homme politique au niveau local, national et européen. Plusieurs fois ministre. Arrêté par la Gestapo, puis prisonnier il arrive à s’évader. Il se cachera dans divers monastères et au sanctuaire de La Salette jusqu’à la fin de la guerre. Et le conférencier appelle à ne pas avoir peur de s’engager en politique comme chrétiens mobilisés pour la paix.

Une conférence en écho avec le concert lecture organisé la veille. Une belle cohésion entre vidéo, textes et musiques, une organiste et un comédien metteur en scène ont fait dialoguer le célèbre orgue F.-H. Clicquot avec la correspondance entre Romain Rolland et Stefan Zweig (1): lettres poignantes où l’on sent combien l’art (la poésie, la musique) est expression de cris, de désespoir, d’impuissance et de solitude face aux propagandes mensongères et aux atrocités de la guerre. Ne pas abdiquer, ne pas céder à la haine, travailler par petites touches à préparer la paix. « Un pouvoir que nous confère la parole ? » (Stefan Zweig). Eux ne verront pas le retour de la paix, mais leur engagement fera son chemin, d’une autre façon avec les pères de l’Europe, et Robert Schuman en particulier.

Célébrer en frères ! 

Après les autres temps de prière de la journée (marches, procession aux reliques, office du milieu du jour) il est si bon de se laisser élever par la beauté d’une célébration (2) qui porte à la communion, avec l’archevêque, les

évêques, prêtres, religieux et la foule des laïcs (dont la cinquantaine de bénévoles d’une demi-douzaine d’associations, travaillant « ensemble » avec les équipes diocésaine et paroissiale). On s’attardera encore longtemps sur le parvis de la prieurale dans la joie de fraterniser.

(1) Au-dessus de la mêlée : Romain Rolland, Journal de Genève du 22-09-1914. Madeleine Cordez (organiste), Marc Zammit (comédien et metteur en scène). Mise en scène : Ph. Klinge

(2) Célébration présidée par Mgr Lagleize, évêque émérite de Metz , Mgr Kalist, archevêque de Clermont, Mgr Beaumont, évêque de Moulins.