« Le temps de l’Avent est un temps pour construire la paix dans son âme, dans sa famille et dans le monde, en ne cherchant aucune excuse pour faire la guerre », nous dit le Pape François lors d’une homélie portant sur l’Avent. Chaque dimanche de l’Avent, méditez avec nous sur le message que porte une figure biblique, et sur le chemin de conversion qu’elle inspire vers la paix. Nous proposons aussi, pour la semaine qui suit, un geste, une action et une prière pour accompagner concrètement ce chemin.
« Convertissez-vous, car le royaume
des Cieux est tout proche »
2ème dimanche, Abraham, père des nations
Ils laissent tout derrière eux, traversent les mers et les terres en quête d’une vie meilleure. En ce deuxième dimanche de l’Avent, méditons sur l’importance de l’accueil des migrants et des réfugiés, poursuivons notre parcours de paix en compagnie d’Abraham père des nations.
Abraham : homme achevé, homme de paix
Pour aller à la rencontre d’Abraham, le plus simple est sans doute de relire le dernier beau moment de son histoire, conté dans le livre de la Genèse. J’y découvre un grand croyant et un homme accompli, une belle figure d’humanité.
« Prends ton fils, ton unique… va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai » (Gn 22,1-22). Dieu appelle Abraham, Il lui donne rendez-vous et l’accompagne tout au long de la route. Abraham n’oppose aucune résistance.
La foi est un dépouillement et Abraham est appelé à renoncer à ce qu’il a de plus cher : son fils. Mais cet enfant représente aussi sa sécurité, son avenir, sa mission, son identité… Abraham pourra-t-il encore être père si son fils lui est enlevé ?
Par la foi, par ce geste de désappropriation de soi, l’homme s’en remet à Dieu pour se » recevoir » de Dieu, pour se retrouver » autre « . Il se perd pour vivre en Dieu (ou de Dieu).
L’histoire d’Abraham est celle du salut, celle de l’alliance de Dieu et de l’humanité. Dieu n’attend pas qu’on lui offre de précieuses offrandes. Il veut une relation, un amour. Dieu veut un homme à qui parler et qui lui parle, un homme qui soit son partenaire !
Abraham gravit donc la montagne, reçoit la Parole sans discuter et impose le silence à son fils : « Dieu saura bien trouver l’agneau… mon fils ! » Heureux silence qui permet à Abraham de rencontrer Dieu et de lever les yeux.
Le récit nous montre cet homme attiré par le ciel et enraciné dans une terre dont il prend possession et à laquelle il donne un nom divin. Il existe pleinement. Il est libre.
Et Dieu parle une dernière fois : c’est une pluie de bénédictions qui s’abat sur le patriarche et atteste qu’il s’est passé quelque chose : l’événement du salut se réalise. Dieu l’a comblé et il comprend le sens de la promesse. C’est un Abraham “ achevé ” qui descendra de la montagne. Et on ne saura pas si son fils est ou non avec lui…
Paradoxalement, son histoire se termine avec cet épisode comme si l’on avait voulu nous dire que l’homme n’est homme qu’avec Dieu, que l’homme ne peut se réaliser qu’en se recevant de Dieu. Une fois ce sommet atteint, il n’y a plus qu’à laisser l’Esprit se manifester en l’homme et par l’homme. Et c’est ainsi que s’établit la paix dans le cœur de chacun et dans toute l’humanité.
Abraham cédera la place à son fils, non pas parce qu’il est de trop mais pour que d’autres puissent prendre le relais à leur tour. L’histoire de Dieu et de l’humanité sera toujours d’actualité.
En relisant ces lignes, comment ne pas penser à tous ceux qui n’ont pas eu la chance de faire l’expérience de l’amour, étant enfants, tous ceux qui ont eu l’impression, comme Isaac, d’être sacrifiés ? Dieu redit à tous ces blessés d’amour qu’un enfant n’a pas de prix.
Je pense aussi à Abraham, homme achevé, homme de paix. Les promesses divines ont creusé des chemins dans son avenir. Nous appelons cela » espérer « . L’espérance, c’est regarder le futur avec les yeux de Dieu, regarder et avancer là où Dieu a ouvert le passage. Nombreux sont ceux qui ont besoin de cette espérance : ceux qui s’enferment dans leur passé car ils n’ont plus rien à voir, ceux qui sont tournés vers eux-mêmes car ils ont perdu leurs repères ! C’est à eux que nous sommes envoyés pour partager ce que nous avons reçu… sur la montagne. “ Le Seigneur voit ; le Seigneur est vu. ”
Père Paul Vuillermoz,
délégué Pax Christi pour le diocèse de Lyon
Par la délégation de Pax Christi Nice
« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche.»
Que l’Esprit Saint ouvre nos yeux, nos oreilles et nos cœurs à la réalité des souffrances inouïes des personnes qui traversent les déserts et pays inhospitaliers, dans des conditions indignes ; au risque de la violence et de la mort.
« Accueillez-vous les uns les autres comme le Christ vous a accueillis. »
Que l’Esprit Saint nous inspire d’imiter Jésus pour que nous osions accueillir et accompagner toute personne, en particulier les gens fuyant la guerre ou la faim et contraints de quitter leur pays pour survivre.
« Que Dieu vous donne d’être d’accord entre vous selon l’esprit du Christ Jésus. »
Que l’Esprit Saint nous aide à nous réconcilier dans nos paroisses, car nous sommes divisés sur l’assistance à donner à ceux qui frappent à la porte de notre pays. Prions-le de nous aider à former une communauté chrétienne et une société plus ouverte qui voient dans le migrant et dans le réfugié avant tout un frère et une sœur à aider, à respecter, et à aimer.
« Qu’en Dieu soient bénies toutes les familles de la terre ! »
Que l’Esprit Saint nous délivre de la peur. Qu’il nous donne la compassion et l’empathie envers toute personne déracinée qui recherche protection, sécurité, et un avenir meilleur. Que l’Esprit Saint nous donne aussi de les voir comme le Christ qui vient nous visiter, nous demander l’hospitalité, nous apporter Sa Paix.
Des propositions pour la deuxième semaine de l’Avent
Le geste de paix cette semaine : CRÉER
Quoi de plus simple que la main elle-même, à l’image du logo de Pax Christi qui est à la fois main et aile de la colombe, pour illustrer l’unité dans la diversité ? Les doigts sont, en effet, tous différents avec une place unique et une fonction propre, pourtant ils sont unis dans un même ensemble ! Noël est un moment d’unité, alors comment nos mains peuvent-elles participer à cette mission ?
Posez-vous la question en famille ! Piochez une question chacun à votre tour et ouvrez le débat !
Quelle idée me vient en tête quand on dit « unir les gens » ? – En quoi puis-je aider d’autres personne à se réunir ? – Quelles sont les conditions de l’unité ? – Est-ce plus facile d’unir que de diviser ? – Comment puis-je faire œuvre d’unité ?
Prière pour nous unir aux autres
Seigneur, ouvre nos yeux,
Que nous te reconnaissions
Dans nos frères et sœurs.
Seigneur, ouvre nos oreilles,
Que nous entendions les appels de ceux qui ont faim,
De ceux qui ont froid, de ceux qui ont peur
Et que l’on opprime ;
Ô Seigneur, ouvre nos cœurs,
Que nous nous aimions les uns les autres comme tu nous aimes.
Renouvelle en nous ton Esprit,
Seigneur, rends-nous libres et unis.
Amen
Mère Teresa de Calcutta
Acte de paix
Avec Abraham, père de toutes les nations, allons à la rencontre des autres religions et d’autres cultures!
Pourquoi ne pas organiser un repas partagé avec un ou plusieurs voisins d’une autre origine ou d’une autre culture ?
Ce serait l’occasion pour chacun de faire découvrir un plat traditionnel, un dessert typique !
Voilà une belle opportunité pour partager la joie de Noël et vivre la fraternité.
Retrouvez l’intégralité des propositions pour les dimanches de l’Avent ainsi qu’une proposition de messe pour la Journée mondiale de la paix le 1er janvier dans le dernier numéro du Journal de la Paix.