Alfonso Zardi, Délégué général Pax Christi
Ce n’est pas encore le printemps mais ça lui ressemble : j’entends parler du temps des élections qui s’annonce riche en échéances – présidentielle d’abord, législatives ensuite – et en sollicitations. La saison des déclarations, manifestes, programmes, tribunes… a commencé. Les citoyens que nous sommes, et les électeurs que nous serons, risquent de s’y perdre : comment départager les candidats, réels ou supposés, par où commencer le tri des programmes, à l’aune de quelles valeurs ou principes les analyser, puis choisir ?
Pas étonnant que la proportion de celles et ceux qui disent se décider à la dernière minute, dans l’isoloir ou presque, demeure élevée. Elle ne doit pas surprendre, la cacophonie est là et en l’absence de critères à l’aune desquels départager les idées et ceux et celles qui les incarnent, le choix est objectivement difficile.
Les deux années de pandémie y sont pour quelque chose : notre société revient à la lumière comme un animal sort de son hibernation faite de confinements, restrictions aux libertés, joutes politiques parfois violentes, crispations sociales et fragilisations en toutes sortes. De pertes humaines aussi, et considérables, et de rupture des liens familiaux, affectifs, sociaux et professionnels qui avaient jusqu’ici façonner notre « vivre ensemble ».
Non, la France ne « s’ennuie » pas, comme on l’affirma en 1968 à la veille des événements qu’on sait, mais elle est déboussolée. Or, si le chemin est ouvert et le choix est libre, la boussole donne le cap : cette société a besoin de retrouver le chemin du dialogue, de la fraternité, du respect de la dignité de chacun. Pour Pax Christi, comme pour les évêques de France qui nous adressent un message d’espérance, il convient de replacer le « bien commun » au cœur des projets politiques et de l’engagement de tant de nos concitoyens qui se portent candidats aux fonctions électives.
C’est notre souhait et aussi notre démarche, qui invite à échanger, apprendre, questionner et discuter pour mieux choisir. Trois webinaires regroupés sous la bannière « de la sécurité à la paix » ont déjà eu lieu, le quatrième se tiendra mardi 8 février. Un colloque national clôturera le cycle le 26 mars 2022 à Paris.
Faisons l’effort, car c’en est un, de nous ressourcer avant de poursuivre le chemin : l’avenir est à nous et passe par l’isoloir. S’y arrêter pour voter est le plus beau témoignage que nous ayons à notre portée pour montrer qu’une société en paix et fraternelle est possible, en démocratie.
crédit photo: flickr/Xavier Buaillon