En route vers l’unité des chrétiens ? Naissance et développement de l’œcuménisme (partie 2/5)

Pour la semaine de l’unité des chrétiens qui se déroule du 18 au 25 janvier, Pax Christi vous propose de découvrir l’origine et le triste historique des divisions qu’a connu l’Eglise au cours des siècles et les réactions engendrées.

 

En 1908, le ministre épiscopalien américain (anglican des Etats-Unis), Paul Wattson, converti en 1909 au catholicisme, propose une « octave » de prière pour demander la grâce de l’unité autour du siège romain.

Le véritable démarrage de l’œcuménisme a lieu lors de la Conférence d’Edinbourg, en 1910, sur initiative des Eglises nouvelles d’Afrique et d’Asie. Deux courants essentiels s’affrontent : faut-il privilégier les problèmes doctrinaux, structurels et ecclésiaux, comme le préconise l’évêque anglican américain Charles Brent, ou faut-il privilégier l’union par la lutte pour une société plus juste, plus fraternelle, telle que demandée par l’archevêque luthérien d’Uppsala, Nathan Söderblom.
Dans les années 1930, l’abbé Paul Couturier donne une nouvelle impulsion en réunissant tous les baptisés chrétiens : catholiques, orthodoxes, anglicans, protestants et propose comme objectif : « l’unité que Dieu voudra par les moyens qu’il voudra ». Un groupe de travail informel de théologiens francophones catholiques et protestants est constitué qui prendre le nom de Groupe des Dombes. Ce groupe, composé aujourd’hui de 40 membres, travaille selon le principe du « consensus éclairé » et ses travaux font autorité: Citons ; l’Esprit Saint, l’Eglise et les sacrements…

Les deux courants issus de la Conférence d’Edinbourg de 1910 évoquée plus haut, vont fusionner en 1948 seulement, à Utrecht, cela à cause de la guerre et de l’opposition catholique et vont déboucher sur la création du Conseil œcuménique des Eglises. Ce Conseil comprenait en 2018, 350 membres, représentant plus de 500 millions de chrétiens, dont les Eglises orthodoxes, qui posent toutefois régulièrement des problèmes doctrinaux. L’Eglise catholique romaine, avec ses 1’254 millions de baptisés n’en fait pas partie, mais coopère toutefois dans un nombre croissant de domaines d’activité, avec le concours de théologiens tels que Henri de Lubac ou encore Yves Congar.

La Communauté de Taizé, fondée en 1944 par le pasteur suisse Roger Schütz, constitue un bel exemple du vivre ensemble œcuménique dans le but de « construire une vie commune dans laquelle la réconciliation selon l’Evangile serait une réalité vécue concrètement ». Taizé attire tout spécialement les jeunes. Le Concile des jeunes en réunit jusqu’à 40’000 à l’occasion de Pâques.

Rappelons, pour mémoire, l’apport considérable au dialogue interreligieux et à l’œcuménisme du Concile œcuménique Vatican II. Dans son encyclique Ut unum sint (Qu’ils soient un) de 1995, le pape Jean-Paul II reprend à son compte les conclusions du Concile en déclarant : « l’Eglise catholique s’est engagée de manière irréversible à prendre la voie de la recherche œcuménique… ».

Il faudrait, pour être complet, développer substantiellement les évènements essentiels qu’ont constitué les trois rassemblements œcuméniques européens de Bâle, en 1989, Graz (Autriche) en 1997 et Sibiu (Roumanie) en 2007, sans oublier la réunion ad hoc de 2001, à Strasbourg, qui permit l’adoption de la Charta oecumenica. J’ai eu la chance de participer à tous ces évènements et puis confesser que le rassemblement de Bâle m’a permis de vivre le moment le plus intense de ma vie spirituelle, à en pleurer de joie : voir 700 délégués de toutes les confessions chrétiennes aux origines et sensibilités religieuses plus variées les unes que les autres, adopter, après une minute de silence interminable, à 97 %, la Déclaration finale  qui porte sur tous les thèmes d’actualité : le nucléaire, la diversité biologique, l’avortement, … a provoqué un tonnerre d’applaudissements! Moment inoubliable !

Ces rassemblements œcuméniques mériteraient, avec les multiples initiatives qui ont suivi, un long développement ; cela pourra éventuellement être étudié ultérieurement.

Jean-Pierre Ribaut, diacre, Pax Christi