Vœux du pape François aux membres du corps diplomatique

Des retrouvailles « en famille », ainsi le pape François a qualifié l’habituelle rencontre avec les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège (10 janvier 2022), pour échanger les vœux et revenir sur les faits marquants de l’année écoulée. Des vœux « en famille » car le but de la diplomatie, selon le pape, est précisément « d’aider à mettre de côté les désaccords dans la cohabitation humaine, favoriser la concorde et expérimenter combien, lorsque nous dépassons les sables mouvants du conflit, nous pouvons redécouvrir le sens de l’unité profonde de la réalité ».

Dans son retour sur l’année 2021, le pape n’a pas manqué de mentionner, notamment, ses voyages les plus marquants. D’abord l’Irak, en mars, « voulu par la Providence comme un signe d’espérance après des années de guerre et de terrorisme. » Le peuple irakien, a répété le pape, « a le droit de retrouver la dignité qui lui revient et de vivre en paix. Ses racines religieuses et culturelles sont millénaires : la Mésopotamie est berceau de civilisation ; c’est de là que Dieu a appelé Abraham pour initier l’histoire du salut. » La Grèce et Chypre ensuite, pour « approfondir les liens avec les frères orthodoxes et de faire l’expérience de la fraternité entre les différentes confessions chrétiennes. »

Deux leçons sont néanmoins à retenir, autant de marqueurs pour l’avenir. La première, « accueil et protection aux migrants, en prenant également en charge leur promotion humaine et leur intégration dans les pays qui les ont accueillis », sans omettre d’inviter l’Union européenne à « trouver sa cohésion interne dans la gestion des migrations comme elle a su la trouver face aux conséquences de la pandémie ». La deuxième, la lutte contre la pandémie justement, avec l’engagement fort – qui fait toujours défaut – de la communauté internationale « pour que l’ensemble de la population mondiale ait un accès égal aux soins médicaux essentiels et aux vaccins », alors que « l’accès universel aux soins de santé reste un mirage dans de vastes régions du monde ».

La question migratoire, ainsi que la pandémie et le changement climatique, offrent au pape l’occasion d’insister sur un leit-motiv de son pontificat jusqu’ici, à savoir « que personne ne peut se sauver tout seul » et qu’il convient avec urgence de « retrouver le sens de notre identité commune en tant qu’unique famille humaine. »

Le mot de « famille » revient ainsi à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il s’agit de réévaluer la diplomatie multilatérale « pour relever les défis à venir qui demandent à l’humanité de se rassembler comme une grande famille », de déplorer « l’abondance des armes » disponibles et de rappeler combien il juge « les armes nucléaires inadéquates et inappropriées pour répondre aux menaces contre la sécurité au XXIème siècle, et leur possession hautement immorale. »

Le vœu du pape de Fratelli Tutti pour 2022 est, sans surprise, « un monde plus sûr et plus fraternel » mais qui demande, pour advenir, que nous n’ayons pas peur de « faire une place à la paix dans notre vie, en cultivant le dialogue et la fraternité entre nous. »  En temps de pandémie, « la paix est un bien “contagieux” qui se propage à partir du cœur de ceux qui la désirent et aspirent à la vivre, jusqu’à atteindre le monde entier ! »