Joyeux Noël!

Alfonso Zardi

Délégué général Pax Christi France

Réfléchissant comme nous tous, aux cadeaux à offrir à la famille et aux amis en ces jours de Noël, je me suis surpris à penser à la différence qui existe entre ceux que nous échangeons entre adultes, et qui se veulent prêts à être « consommés » de suite, et ceux que nous réservons aux tout-petits, lesquels les découvriront et en jouiront plusieurs années plus tard.

J’y pensais en me demandant ce qu’ont bien pu apporter à ce bébé de Bethléem les bergers attirés vers l’étable par un vacarme étrange quoique célestiel : des vêtements trop grands pour lui, de la nourriture que ses parents auront mangée, des brebis ou des moutons avec lesquels jouer s’avérerait impossible avant bien longtemps…

Nous aussi, aux tout petits de la famille, nous offrons quelque chose qui n’aura de sens pour eux que d’ici quelques mois ou années, tout en donnant « forme » pour ainsi dire, à notre souhait de les voir atteindre l’âge où ils en auront la jouissance (et nous, peut-être, leur reconnaissance). De cette façon, nous leur faisons cadeau de notre espérance de les voir grandir, de la promesse de nos attentions constantes, du temps que nous estimons être à nous et que nous envisageons de leur partager.

Par cette « rencontre et partage » entre générations, nous leur offrons une « forme éminente d’amour de l’autre » sur lequel bâtir des projets communs et durables. C’est ce que dit le pape François, dans son message pour la Journée mondiale de la paix 2022, à propos du lien intergénérationnel dont l’importance, pour bâtir des projets communs et durables, a été montrée par la crise mondiale que nous vivons.

Et alors réfléchissons ensemble aux cadeaux que nous pouvons nous faire les uns et les autres et dont la jouissance est réservée aux générations qui ouvrent maintenant les yeux sur la terre :un environnement sain en partant des petits gestes quotidiens qui sont à notre portée comme des achats de proximité ou bio, le tri des déchets ou encore le choix des transports en commun… Un climat de paix autour de nous, par le respect de l’autre, l’accueil de l’étranger et du migrant, l’humble aumône à la sortie de la messe. La sortie des conflits qui incendient la planète par une « politique saine » basée sur l’éducation pour tous et la réaffectation des dépenses militaires (dixit encore le pape François) : nous pouvons la réclamer en écrivant à nos élus, en interpellant les candidats aux élections structurantes de notre pays, en soutenant les organisations internationales, comme l’UNESCO, ou les ONG qui ont l’éducation et l’éducation à la paix, en particulier, au cœur de leur mission.

Grâce aux bergers de Bethléem, l’étable à la périphérie du village est devenue le cœur du monde. Grâce à nous, pas à pas et petit geste après petit geste, les périphéries du monde peuvent devenir l’incarnation d’une promesse, la lumière qui brille dans les ténèbres.

Joyeux Noël à toutes et tous !

Alfonso Zardi