En 1993, une série de faits divers dramatiques mettent la France en émoi. La presse relaie les interrogations concernant les origines de ces violences et pose la question de l’influence de la télévision. Simone Ruffier, institutrice retraitée, membre de Pax Christi à Angers, laisse monter en elle une force d’indignation et de combativité et se tourne vers la Commission Non-violence pour l’interpeller de toute sa force de conviction : On ne peut pas rester sans réagir !
Elle avait déjà interrogé les responsables d’associations familiales ou de téléspectateurs, comme MTT (Médias/Télévision/Téléspectateurs), Familles Médias, Les Pieds dans le PAF, ainsi que des journalistes spécialisés de La Vie et Télérama. Bousculés par Simone, nous nous sommes mis au travail afin d’y voir clair. Notre Commission Non-violence a donc compulsé de nombreuses études scientifiques jusqu’à dénicher une synthèse de référence publiée en 1989 à la demande de l’UNESCO : Violence et terreur dans les médias. Ce temps préalable nous a tous convaincus que :
– ce qui retient l’attention du téléspectateur, c’est la vitesse et la violence,
– les émissions à forte dose de violence sont un choix délibéré des programmeurs pour atti rer le public, et donc les annonceurs.
– par mimétisme, ceci fournit à l’enfant des modèles négatifs et augmente son agressivité.
Rendus solides dans nos convictions, nous sommes entrés en action avec Simone.
Nous avons convaincu de nombreuses associations d’êtres partenaires, et lancé en septembre 1994 la campagne Violence à la télé : STOP ! Elle visait à déclencher une avalanche de courrier en direction des responsables politiques et médiatiques. Nous demandions en particulier la présence des associations de téléspectateurs dans les instances de contrôle de l’audiovisuel et un effort d’éducation à la paix à l’école, incluant l’apprentissage au bon usage de la télévision.
Le secrétariat national de Pax Christi fut vite inondé de commandes de tracts, soit plus de 300 000 à la fin de la campagne, au bout d’un an.
Grâce à Simone, une multitude de lettres reçues ont fait état de la satisfaction, et aussi d’une longue attente d’une telle initiative. Des mères de famille nous ont témoigné des drames familiaux accentués par la violence médiatique ; des psychologues ont proposé leur compétence ; des personnes âgées désabusées devant le peu de choix d’émissions de qualité à des heures raisonnables se remettaient à espérer. Partout ont fleuri des initiatives : soirées/débats, pétition aux élus, maires, conseillers généraux et régionaux, députés, sénateurs, sans oublier la sensibilisation dans les écoles.
– en mars 1995, nous avons été reçus par le directeur des programmes du CSA à qui Simone a remis un rapport Enfants – Violence – Éducation,
– en mars 2016, Simone a de nouveau remis au CSA un rapport intitulé Quelques propositions relatives à la déontologie des chaînes télévisuelles.
Depuis, nous avons vu apparaître la signalétique des émissions, ce qui est bien mais nettement insuffisant. Quoiqu’il en soit, une telle campagne ne pouvait manquer de générer des liens d’amitié très forts. Simone fut pour beaucoup une seconde maman ou grand maman. Nous saluons son cœur ardent, sa foi, son amour pour les enfants : après les avoir enseignés elle a désiré de toutes ses forces les protéger.
Pour la Commission Non-violence, Michel Lafouasse