Tout est lié malheureusement et ce n’est pas le fait d’avoir empêché sur ce continent toutes les activités qui ailleurs ont provoqué les dégâts que nous connaissons qui a permis d’épargner complétement son intégrité physique et biologique. Une illusion donc ? Non parce que cet accord qui reste en vigueur au moins jusqu’en 2048 l’a au moins sauvegardé d’une exploitation polluante et nécessairement conflictuelle. La 43e réunion consultative du traité sur l’Antarctique s’est tenue à Paris du 14 au 24 juin 2021.
L’accord de Paris sur le climat[3] est un autre exemple de traité international. Lui aussi réunit toutes les nations signataires autour d’une cause commune d’intérêt planétaire. Mais contrairement au Traité sur l’Antarctique où il s’agissait d’interdire de faire, il s’agit cette fois d’agir et d’entreprendre pour lutter contre le changement climatique et s’adapter à ses effets.
Cinq ans après sa mise en application, si des mesures indéniables ont déjà été prises par les pays les plus vertueux, elles sont loin d’être suffisamment ambitieuses pour espérer limiter le réchauffement à moins de 2°C. Alors que la prise de conscience de la gravité de la crise écologique est planétaire, elle doit devenir un consensus social sans lequel aucun gouvernement démocratique ne sera en capacité d’imposer les mesures les plus exigeantes car elles nécessitent un changement radical de paradigme économique et des conséquences importantes sur notre mode de vie.
Cela suppose une vision et une pédagogie que sont loin de promulguer les médias de notre société de consommation qui proposent dans les mêmes moments les images des catastrophes qu’engendrent déjà les bouleversements du climat (feux de forêts gigantesques, inondations brutales…) et des publicités pour les automobiles et le tourisme de masse. Les chrétiens devraient être en première ligne, eux qui considèrent dans la foi que la Création est un don et qui disposent déjà de l’incitation évangélique au partage et à la pauvreté. Mais s’ils disposent en principe du « logiciel pastoral », ils se trouvent bien souvent dans la situation du jeune homme riche (Mt, 19,16–30).
A la force de conviction qui préside à la signature des traités il faut aussi celle qui permet de convaincre les citoyens et ceux qui les dirigent du bien fondé de mesures drastiques.
Jean-Noël Hallet – Biologiste retraité des Universités, Paroles de chrétiens sur l’écologie-Commission Ecologie Intégrale
[1] https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1991_num_37_1_3043
[2] Le traité sur l’Atlantique a été signé par l’Argentine, l’Australie, la Belgique, le Chili, la France, le Japon, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, l’Union sud-africaine, l’URSS, le Royaume-Uni et les USA rejoints par 42 autres États.
[3] https://unfccc.int/fr/process-and-meetings/l-accord-de-paris/qu-est-ce-que-l-accord-de-paris