Pendant 4 jours, à Dijon, nous avons été une quarantaine de jeûneuses et jeûneurs et une cinquantaine de « soutiens » à sensibiliser l’opinion publique sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires et sur la nécessité de l’abolition des armes nucléaires. Depuis six ans la municipalité est un soutien de poids, accueillant les jeûneurs sur une place, déléguant un représentant du Maire aux commémorations et nous accueillant en Mairie pour la collation de rupture de Jeûne. Deux élus ont participé à plusieurs de nos présences, Catherine Hervieu et Patrice Chateau, maire
adjoint. Nous avons tous exprimé une grande reconnaissance à la municipalité. Cette année les associations organisant le jeûne-action sur Paris avaient décidé de concentrer leur
participation sur Dijon-Valduc. L’ensemble des activités avait été préparé par le collectif formé par les associations suivantes : Abolition des armes nucléaires-Maison de Vigilance, Agir pour le désarmement nucléaire-Franche Comté, Amis de la Terre Côte d’Or, CANVA, ICAN-France, MAN Côte d’Or, Mouvement de la Paix 21, Réseau Sortir du nucléaire, Sortir du nucléaire 21. Avec le soutien de Non-Violence XXI et de la ville de Dijon.
Lundi 5 août
L’arrivée des premiers participants se fait à l’auberge de jeunesse Urbanalis où nous avons réservé des chambres et des salles de réunion pour les 4 jours. Une charte de vie est signée par chacun pour respecter la vie collective. La première soirée est très riche avec un concert de musique lyrique à l’église Saint Joseph, spectacle organisé grâce à l’efficacité de plusieurs paroissiens et au soutien du curé. Près de 100 personnes assistent au concert donné par Laurence Esquieu, mezzo soprano, Claire Spagnol, flûte traversière, Fanny Cousseau, orgue, et la soirée se termine par un verre de l’amitié.
Mardi 6 août
De 8 h à 9 h, réunion « météo-programme » où chacun se présente, donne son état de santé de jeûneuse, jeûneur ou soutien et échange sur le programme de la journée. Cette réunion est programmée tous les matins de 8 h à 9 h ainsi que tous les soirs de 19 h à 20 h. La participation est présentée comme « obligatoire » et de fait elle sera très suivie et s’avère indispensable pour la dynamique des 4 jours. Dès la fin de la réunion, nous partons tous vers la place de la Libération devant la mairie où la cérémonie de commémoration du bombardement d’Hiroshima est programmée à 11 h. Gonflage à l’hélium du dirigeable qui nous accompagnera pendant les 4 jours, en forme de bombe atomique et portant l’inscription « Abolition des armes nucléaires » et le logo de ICAN. Installation d’un barnum, de notre sono et disposition à terre des drapeaux des 14 pays nucléaires pour servir la mise en scène de la cérémonie. Une introduction de Dominique rappelle le contexte du bombardement, évoque les victimes et également celles des 2 000 essais nucléaires et appelle au désarmement nucléaire. Les poèmes d’auteurs japonais et les intermèdes de chants lyriques et de trompette rythment l’intensité des textes. Le lent mouvement de die-in des personnages en noir avec masques blancs donne tout l’aspect commémoratif et solennel. La télévision
filme la cérémonie et interview quelques acteurs. Après la cérémonie, nous assistons à un spectacle d’acrobatie aérienne avec nos artistes Tristi, Emmanuella et Julien, à 8 mètres de haut : c’est une suite de voltiges et de chutes contrôlées qui attire tous les regards, passants et participants, tous étonnés de telles performances. Nous partons ensuite nous installer sur la place en centre-ville piétonne, la place Rude, pour sensibiliser les très nombreux passants et touristes. Nous disposons des nombreux documents préparés par le collectif d’organisation, des tracts bilingues, des brochures « Valduc » en présentation « carte routière », des cartes postales et de nombreux autres ouvrages apportés par les divers groupes. 2 barnum sont installés, notre dirigeable trône au-dessus de nous, parfois quitte la place pour se promener dans les rues voisines, les banderoles sont nombreuses dont celle avec notre revendication majeure : « la France doit signer le Traité d’interdiction des armes nucléaires ». Un die-in est organisé dans la rue piétonne avec notre trompettiste Kei qui ajoute du dramatique aux interventions de Dominique. Nous bénéficions d’un temps chaud et sans pluie, favorable pour les rencontres avec les nombreux passants. Le cercle bilan du soir est installé sur la pelouse place Wilson, en direction du cinéma, nous n’avons pas apporté la sono, ce qui complique une bonne audition par tous… Nous suivons ensuite la projection du film « La bombe et nous » au cinéma Eldorado. Une centaine de personnes assistent au film qui faisait partie de la programmation du cinéma. Le maire-adjoint Patrice Chateau est venu pour assurer toutes nos activités du soutien de la municipalité. Tous les spectateurs sont restés au débat qui a suivi.
Mercredi 7 août
Cercle « météo-programme » du matin. Gros sujet de discussion : quelles sont les activités de désobéissance civile qui seront réalisées lors de notre présence devant la base de Valduc le lendemain jeudi. Plusieurs propositions sont faites. Deux propositions avaient déjà été étudiées par quelques-uns auparavant : une pénétration dans la zone interdite du CEA et une distribution de brochures au personnel. Une troisième proposition est faite : aller décrocher le portrait de Macron dans la salle des mariages, pour lui demander de signer le TIAN (la campagne de décrochage étant pour le climat). Proposition acceptée. Des groupes de travail sont organisés pour la préparation des diverses interventions. Le stage de « théâtre invisible » est proposé et une dizaine de personnes sont intéressées, la première séance « théorique » est programmée pour l’après-midi. Le temps est à la pluie. Parfois très forte, parfois moins, mais l’imperméable est de rigueur toute la journée. L’installation place Rude est complète avec 4 barnums. L’exposition sur le désarmement nucléaire, en français et en anglais est déployée sur deux fois douze panneaux fixés à des barrières métalliques. Un die-in très bref est fait entre deux averses, les tracts sont très nombreux à être distribués. De nombreuses banderoles. Le groupe « décrochage du portait de Macron » réussit son objectif : faire une photo de l’action sans pour autant emporter le portrait. Notre demande d’entrevue à la préfecture ayant été acceptée, nous nous présentons à 3 personnes pour un entretien. Nous sommes reçus par Léo Magnien, chef de cabinet du préfet : entrevue très cordiale et il nous assure de transmettre nos demandes au sommet de l’État. Concert des « Bures Haleurs » (musiciens opposés au projet de centre d’enfouissement de déchets nucléaires par Cigéo à Bure), très efficace pour arrêter les passants. Le cercle du soir analyse l’action de décrochage, sa préparation, son déroulé, ses répercussions. Un communiqué est en discussion et la décision de l’intitulé des signataires du communiqué aussi. La décision par consensus satisfait tout le monde. Autre sujet de discussion à ce cercle : les actions à Valduc le lendemain. Les volontaires se proposent et il leur est demandé de peaufiner exactement les actions dans des groupes spécifiques après la réunion.
Jeudi 8 août
Cercle du matin « météo-programme » où sont à nouveau présentées les actions sur Valduc. En premier lieu la manif devant la base, et aussi les deux actions de désobéissance civile. L’accord du groupe est donné aux diverses actions.
Départ dès la fin de la réunion pour le centre de Valduc. 11 h, manifestation devant la Base. La police nous fait garer nos véhicules sur un parking distant de quelques centaines de mètres et nous accompagne jusque devant l’entrée avec nos banderoles. Une douzaine de policiers sont postés devant l’entrée, relativement peu arnachés de moyens coercitifs mais très attentifs à empêcher toute photographie où l’entrée du centre serait sur le cliché. Discours introductif de Dominique suivi de plusieurs interventions des diverses associations organisatrices et de la CRIIRAD pour dénoncer la pollution en tritium du Centre. Concert des « Bure Haleurs », slogans contre les armes nucléaires. Die-in au pied des policiers. Présence de la télévision et de plusieurs journaux. L’info nous est donnée que le groupe de « pénétration » a réussi à entrer de quelques dizaines de mètres par l’entrée du « Chantier Nord », moins sécurisée, de l’autre côté du site, et s’est fait arrêter. Applaudissements ! L’objectif de rencontrer le directeur n’est pas atteint mais il n’était prévu que de façon théorique comme justificatif à l’action. Les policiers gardent les 4 « pénétreurs » sur place sans vouloir les arrêter et leur demandent de repartir à pied mais les 4 participants refusent de quitter la place sauf si une voiture du groupe vient les chercher. L’occupation du terrain se continue donc sans que les policiers interviennent plus en force. Une voiture viendra les chercher environ une heure après, ils nous rejoignent devant les grilles et racontent cette action et leur ressenti. Après 13 h le groupe quitte le centre de Valduc, une partie rejoint la place Rude à Dijon où un autre groupe avait installé dès le matin notre présence avec barnum et banderoles.
A 17 h, une voiture du groupe « distribution de brochures au personnel » pénètre dans le parking du personnel de Valduc, distribue les tracts aux chauffeurs des voitures qui sortent et aux occupants d’un bus. L’une du groupe monte dans un bus pour distribuer la brochure. Peu de temps après la police saisit le stock de brochures et empêche de continuer la distribution. Les brochures ayant le logo de la mairie, les policiers affirment rendre le stock le lendemain en mairie. Plusieurs centaines de brochures ont tout de même été distribuées au personnel qui accueillait cette distribution avec bienveillance. Place Rude, un mini groupe de 5 personnes a tenu la permanence avec succès dès le matin. Il a pu faire signer beaucoup de cartes postales demandant au président de signer le TIAN ! Pas de pluie, à notre retour du CEA installation de tout notre matériel, barnums, expositions, banderoles et tripode pour les acrobates aériens. Beaucoup de passage, spectacle des acrobates très regardé, très nombreux contacts facilités par l’arrêt des passants, distribution de ballons gonflés à l’hélium aux enfants. Cercle du soir. Au bilan de la journée, c’est une belle satisfaction que les deux actions de désobéissance civile se soient correctement déroulées avec succès. Décision de rédiger un communiqué de presse, un groupe est constitué. Préparation de la cérémonie du lendemain avec création d’un groupe de mise au point à partir des décisions principales.
Vendredi 9 août
Tous les bagages sont repliés pour 8 h et le cercle de « météo-programme » refait le point du programme de la journée. La cérémonie de commémoration du bombardement de Nagasaki est mieux préparée que le mardi et reprend une suite différente de poèmes et d’interventions de Kei à la trompette. Le spectacle de die-in sur les drapeaux est un peu différent et Julien, sur échasses, est déguisé en personnage noir avec le masque du cri de Munch pour arpenter la scène sur ses échasses. Fin de la cérémonie vers 13 h, on range tout le matériel et on va à la mairie pour le cercle de bilan final et le repas de rupture de jeûne. Le cercle de bilan final fait l’objet d’un compte rendu envoyé à la presse.Repas de rupture du jeûne avec une soupe préparée en légumes bio par les Dijonnaises et les Dijonnais